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Tous les chrétiens ne forment qu’un seul corps et si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance. L’affirmation de saint Paul (1Co 1-12) a résonné dans le cœur d’Olivier de Masfrand lors d’une messe célébrée il y a dix-huit mois. C’était au moment où l’Église de France entamait humblement sa démarche de reconnaissance des abus sexuels commis en son sein. Mortifié par cette réalité, le médecin a reçu lors de la Consécration "l’ordre très clair et simple de marcher de Notre-Dame de Paris à Notre-Dame de Lourdes et de prier pour les personnes abusées".
"Enfin !", se sont exclamé des responsables de cellules d’écoute dédiées aux abus sexuels dans l’Église. Cette intuition a été confirmée par de nombreuses personnes et la marche de la consolation a pris forme. "Il s’agit avant tout de signifier notre compassion envers les victimes d’abus et de prier pour elles, afin que le Seigneur redonne à ceux qui l’ont perdue la liberté de croire en Lui", ajoute l’organisateur.
Les noms des victimes confiés à l’Immaculée Conception
Tout au long du chemin et sur une adresse mail dédiée, il est possible de confier le prénom d’une victime. Chaque soir, lors des veillées de prière dans la paroisse située sur le trajet, les prénoms des personnes abusées sont déposés sur l’autel. Maryline a participé à la veillée de prière à l’Isle sur Tarn (Tarn). C’est la première fois qu’elle priait pour les victimes d’abus sexuels : "Je me suis mise à la place des victimes, confie cette assistante maternelle. Cette démarche montre que ces fautes ne viennent pas de Dieu mais des hommes. Il nous faut apprendre à pardonner et ne pas condamner Dieu".
Le père Sébastien Diolène, curé de cette même paroisse, a vu dans la marche de la consolation "un signe d’espérance et de réconfort avec un désir de vérité vis à vis des personnes abusées et de contrition par rapport aux abuseurs". "Prier nommément pour les victimes a permis de toucher du doigt la réalité des abus et de remettre cette souffrance à Jésus et Marie", explique-t-il. Au terme de la marche de la consolation, les noms des victimes seront confiés à l’Immaculée Conception, à la grotte Massabielle le 10 août prochain. Marie intercède, mais c’est Jésus qui guérit, comme l’indique l’icône représentant le Christ en gloire, posée chaque soir au pied de l’autel.
Des incroyants touchés par la démarche
Tout au long de la route, des rencontres providentielles ont lieu, par exemple à la faveur d’un manque d’eau ou d’un chemin malencontreusement emprunté. Un nom de victime est confié, les prénoms de plusieurs enfants d’une même famille sont déposés. Ces derniers représentent la moitié des abus avoués. Le cadre des abus sexuels dans l’Église s’élargit donc, l’intercession aussi et la loi du silence est brisée. "La démarche touche profondément les cœurs", témoigne l’organisateur.
Des incroyants sont touchés par la démarche. "Si c’est ça l’Église, alors ça change tout !", s’exclame l’un d’eux. Le docteur Olivier est témoin d’un changement d’attitude de certaines personnes croisées sur le chemin : d’un regard méfiant, voire hostile, les langues se délient : "Bon courage, nous sommes avec vous !". D’autres marcheurs - croyants ou pas - quittent momentanément le chemin de Compostelle et partagent une partie du trajet. Ces rencontres providentielles sont, pour l’organisateur, de véritables clins-Dieu : "Il s’agit avant tout de signifier notre compassion envers les victimes d’abus et de prier pour elles, afin que le Seigneur redonne à ceux qui l’ont perdue la liberté de croire en Lui."
Désireux de se retrouver, Brieuc, père de famille, a marché quelques jours seul sur le GR46, près de Cahors. Ayant quitté momentanément le sentier pour admirer la vue, il est tombé sur les marcheurs de la consolation. Il s’est associé au groupe l’après-midi. "C’est une très belle démarche. J’avais entendu parler d’une réparation financière pour les victimes, mais pas d’une action spirituelle, précise d’emblée le trentenaire. L’Église est en quelque sorte le bouc émissaire dans ces affaires d’abus sexuels. Elle montre le chemin de la compassion et de la réparation. Par cette démarche, elle éclaire les autres secteurs concernés (sport, familles…)". Pour ce chrétien non pratiquant, participer à la prière pour les victimes d’abus a été une manière d’aller plus loin dans son besoin de se retrouver.
Prier pour les prêtres et religieux fidèles à leur mission
La marche de la consolation s’est aussi fixée comme intention de prier pour les prêtres et les religieux fidèles. "Blessés par le regard porté sur eux, certains n’osent même plus porter le col romain", avoue Olivier de Masfrand. Pourtant, comme l’indique le père Sébastien, "ils sont bien plus nombreux que ceux qui ont commis ces abus". La prière récitée chaque matin par les marcheurs implore :
Des communautés religieuses prient particulièrement à ces intentions. Dans l’une d’elles, qui a aussi accueilli les marcheurs, la mère abbesse a avoué que c’était le plus beau cadeau qui lui avait été donné depuis ses 46 ans d’exercice. De nombreux évêques ont largement relayé l’initiative et certains ont regretté que la marche de la consolation ne passe pas par leur diocèse. Un nouveau parcours à prévoir ?
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