Elle aurait été tuée pour un simple vol. Sœur Lucia Dell’Orto, 65 ans, était une religieuse italienne, missionnaire à Haïti depuis une vingtaine d'années. Professeur d'histoire et de philosophie, surnommée "l'ange des enfants des rues" par la presse italienne, elle était le pilier de "Kay Chal", "la maison de Carlo", un lieu d'accueil pour de nombreux petits haïtiens, situé dans une banlieue très pauvre de Port-au-Prince. Là, ils pouvaient faire leur travail scolaire ou pratiquer de nombreuses activités comme la danse et le basket.
En 2013, trois ans après le terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010, la religieuse avait confié à Radio Vatican avoir voulu rester à Haïti malgré les risques encourus : "Restez. Charles de Foucauld disait toujours cela, dans chaque conversation, dans chaque écrit, parce que, disait-il, si quelqu'un de sa famille est malade, ce n'est pas le moment de le laisser seul. C'est à ce moment-là qu'on est le plus proche des gens. Ce peuple devient notre grande famille, la famille aussi des enfants de Dieu, et dans cette famille on partage les joies et les souffrances", témoignait-elle.
"Sœur Lucia a fait de sa vie un don pour les autres jusqu’au martyre", a affirmé le pape François ce dimanche 26 juin. "Depuis 20 ans, sœur Lucia vivait là ; elle était surtout dévouée aux enfants des rues", a rappelé le pontife, avant de confier son âme à Dieu. Le pape a également prié pour le peuple haïtien, spécialement pour sa jeunesse, afin qu’elle puisse "avoir un futur plus serein, sans misère et sans violence".
Le quotidien italien La Repubblica a publié le message de condoléances de l'archevêque de Milan, Mgr Mario Delpini, qui a souligné le dévouement des missionnaires auprès des plus pauvres ainsi que la similitude de son décès à celui de Charles de Foucauld : "Ils ne vont pas chercher les dangers, mais les signes du Royaume de Dieu qui vient, parmi les pauvres, parmi ceux qui n'ont d'importance que pour Dieu et sont ignorés de tous. (...) La mort de sœur Luisa Dell'Orto, petite sœur de l'Évangile, nous laisse tourmentés et désorientés, elle devient une révélation du bien qu'elle a fait et de la vie sainte qu'elle a vécue. Je m'associe, au nom de l'Église ambrosienne, au deuil de ses proches, et exprime la certitude que sa mort, si semblable à la mort de Charles de Foucauld, conjuguée à la mort de Jésus, puisse être une semence de vie nouvelle pour la terre d'Haïti et pour son entrée dans la gloire".