Qu’est-ce qu’un « tiers-lieu » ? Un mot à la mode, sans doute, mais peut être aussi chargé de sens ? Un lieu qui n’est ni la maison, ni le lieu de travail mais un tiers. L’évolution de la société occidentale ces dernières années, renforcée par la crise du Covid, fait que nos maisons sont devenues des lieux plus fermés : on se protège par des digicodes, on ne reçoit plus et on ne fait plus la fête par peur du virus… Et de l’autre côté, l’univers du travail se durcit aussi, le télétravail nous éloigne les uns des autres, la qualité de vie au travail et la quête de sens ne trouvent pas de bonnes réponses...
Pour vivre et travailler autrement
Quelques pionniers inspirés ont donc inventé des « tiers-lieux » pour vivre et travailler autrement, se rencontrer, vivre l’hospitalité et la fraternité avec les plus petits, apprendre la frugalité ; des lieux d’expérimentations, véritables laboratoires d’innovation sociale et culturelle qui permettent, sur un territoire, des rencontres improbables qui libèrent la créativité. Ces lieux fleurissent partout, en ville ou dans des villages perdus de nos campagnes et ils sont pour moi, porteurs d’espérance car ils disent le désir de beaucoup de gens de chercher avec d’autres, une vie plus proche de la nature, plus ouverte à l’autre, et au Tout Autre, une vie simple qui a du sens et du goût.
J’ai eu la chance de passer récemment une journée dans un de ces lieux, l’Ermitage, au cœur de Versailles porté par l’association Fondacio : « Vaut le détour » dirait Michelin ! Un hectare et demi jouxtant le parc du château, ancien domaine de la Pompadour où se côtoient aujourd’hui un Centre d’hébergement et de réinsertion sociale pour des personnes qui ont connu la grande précarité, le centre de formation et le siège national de Fondacio, un potager mandala où des gens viennent se former à la permaculture, l’accueil d’entreprises ou de groupes en réflexion sur la transition écologique et bien sûr, des journées fraternelles ouvertes, des concerts, animations culturelles, rencontres spirituelles, etc. Ce lieu est encore en devenir mais déjà les bases d’une expérimentation concrète de l’écologie intégrale, façon Laudato Si’, sont jetées.
Dans un esprit de partage et de fraternité
À l’autre bout de la France, sur les hauteurs de Draguignan, l’ÉcoHameau Saint-François, construit sur une belle propriété donnée au diocèse par Mireille, une femme au grand cœur qui vit toujours sur place, a permis de loger grâce à Habitat et Humanisme quarante familles en grande difficulté, dans un esprit de partage et de fraternité. Le Secours catholique anime le site et fait vivre un Conseil des habitants pour que tous participent à la vie du Hameau, aux activités de jardinage, cueillette, poulailler, ainsi qu’aux repas de fête ou aux rencontres spirituelles pour ceux qui le souhaitent. Un joli panneau à l’entrée donne le ton : « Le Hameau accueille les fragilités et les talents de chacun ! » Je pourrai vous donner bien d’autres exemples qui m’ont émerveillés — l’abbaye de Maylis dans les Landes où les moines bénédictins vivent depuis quelques années un beau chemin de conversion écologique, ou encore le site de Claire Combe au cœur de la ville de Besançon où s’inventent une façon de se relier à la nature, d’en prendre soin, de cultiver la terre et les rencontres….
Mais je voudrais surtout vous inviter à profiter de vos pérégrinations estivales pour découvrir ces lieux inspirés et inspirants, ces lieux qui donnent envie de lire ou relire, et surtout de vivre concrètement Laudato Si’, ces lieux qui font du bien et redonnent de l’Espérance. Mais comment les trouver ? C’est simple, grâce à un petit livret édité en hors-série Le Pèlerin : 50 lieux pour changer nos vies. Paru en 2020, en plein Covid, il a eu trop peu d’écho mais c’est une pépite. Alors « suivez le guide » et passez un bel été ressourçant et vivifiant !
Pratique