La cathédrale de Chartres attire les pèlerins depuis le Moyen Âge. Douze siècles plus tard, ils sont 12.000 à s’apprêter à parcourir les 100 kilomètres qui séparent Paris et Chartres en ce week-end de Pentecôte, pour se sanctifier et prier pour la France et les Nations.
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"Chartres sonne, Chartres t’appelle !" Un refrain bien connu des fidèles du pèlerinage de Chartres, rythmant la marche aussi bien que la prière à travers les plaines verdoyantes de la Beauce. Des notes qui s’étaient tues ces deux dernières années en raison des restrictions sanitaires, mais qui résonnent de plus belle aujourd’hui, attirant toujours plus de pèlerins. Ils sont en effet près de 12.000 cette année à répondre à l'appel des cloches de la cathédrale de Chartres et à prendre la route les 4, 5 et 6 juin prochains. Ils marcheront depuis l’église Saint-Sulpice à Paris (le parvis de Notre-Dame étant inaccessible pour travaux) vers la cathédrale Notre-Dame de Chartres, parcourant ainsi près de 110 kilomètres en trois jours. Moyenne d’âge ? 21 ans. Le signe d'une éternelle jeunesse.
Depuis le IXe siècle, les pèlerins viennent en nombre à Chartres pour y vénérer le voile de la Vierge offert en 876 par Charles le Chauve et conservé dans la cathédrale. Relancé début XXe par Charles Péguy, le pèlerinage de Chartres existe depuis près de douze siècles… et n’a pas pris une ride. Notre-Dame de Chrétienté, association de laïcs attachée au rite tridentin et organisatrice du pèlerinage, fête cette année ses 40 ans et compte de plus en plus de participants au Pèlerinage de Pentecôte. Pour cette édition 2022, près de 1.000 bénévoles encadreront 12.000 pèlerins venus des quatre coins de France et du monde.
Des chiffres impressionnants qui révèlent le dynamisme de la jeunesse catholique. "Depuis sept ans, nous sommes témoins d’une très forte croissance du pèlerinage", confie à Aleteia Jean de Tauriers, président de Notre-Dame de Chrétienté depuis dix ans. Chaque année, les rangs grossissent de 10%, estime l’association. "Le pèlerinage offre un cadre très porteur à ces jeunes, pratiquants, engagés, courageux, qui aiment l’effort, à la fois spirituel et physique, et qui trouvent ici un certain équilibre : le pèlerinage est une démarche spirituelle d’abord, intellectuelle, à travers les topos et enseignements, physique bien sûr, 100 kilomètres en trois jours, c’est dur, mais aussi amicale", analyse le président de l’association.
Natacha, 22 ans, étudiante en école de commerce, s’apprête à faire une troisième fois le "pélé de Chartres". Comme 35% des pèlerins chartrains, elle ne fréquente pas de paroisse "tradi" le reste de l’année. Mais le rite tridentin, observé à Notre-Dame de Chrétienté, ne la dérange pas, bien au contraire : "J’admire beaucoup la beauté de cette liturgie, elle m’aide à prier, il n’y a qu’ici que je prends la mesure de l’importance de la messe, de l’Eucharistie surtout", confie-t-elle. Quant à Jérôme, la trentaine, habitué du pèlerinage, il attend avec impatience l’adoration du dimanche soir. "Elle a lieu à la fin du deuxième jour, je suis épuisé, vidé physiquement, mais cela m’aide à m’abandonner complètement devant Jésus Hostie et là je me laisse remplir par son amour et c’est chaque année un moment fort, exceptionnel".
Une organisation gigantesque
Faire converger 12.000 pèlerins vers Chartres en trois jours n’est pas une mince affaire. Les pèlerins sont organisés en chapitre, leurs sacs sont transportés d’un bivouac à l’autre, 120 tentes collectives sont montées chaque soir, 63 cars sont affrétés et 11 tonnes de déchets collectés. Pour fêter les 40 ans de l’association, Notre-Dame de Chrétienté a prévu quelques spécificités cette année. L’adoration du Saint-Sacrement sera animée par la famille Lefevre, lauréate de La France a un incroyable talent en 2020. En l’honneur de la canonisation de Charles de Foucauld, une relique du nouveau saint - une croix en bois taillée de ses mains et offerte à son ami le Capitaine de Susbielle – accompagnera les pèlerins jusqu’à la cathédrale de Chartres le lundi 6 juin.
Une organisation titanesque portée par la prière du chapitre des "Anges gardiens", pèlerins non marcheurs qui s’unissent spirituellement au pèlerinage. Il s’agit de personnes isolées, des résidents de maisons de retraite, d’établissements de santé ou encore des prisonniers qui forment une immense chaîne de prière. Un chapitre particulier qui voit cette année ses groupes croître de 50% en France et de 75% à l’étranger.
Cette 40e édition se déroule dans un contexte délicat. En effet, le 16 juillet dernier, le pape François a publié un motu proprio intitulé Traditionis Custodes, restreignant l’usage du rite tridentin auquel Notre-Dame de Chrétienté est attachée. Si le Pape a finalement autorisé un décret le 11 février 2022 réaffirmant le droit, pour la Fraternité sacerdotale Saint Pierre (FSSP), de célébrer la messe et tous les sacrements selon le rite tridentin, les organisateurs demeurent néanmoins sous le coup de l’incompréhension. "Le pèlerinage a toujours été selon le rite tridentin, c’est le charisme du pèlerinage, on convertit par la messe tridentine", souligne Jean de Tauriers. "Dans ce contexte, il est essentiel de se retrouver sur les routes de Chartres en chapitres, parce qu’ils sont autant de petites chrétientés, unies les unes aux autres, pour se sanctifier et prier pour la France et les Nations."