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Le cardinal Angelo Sodano, l’une des personnalités les plus influentes de l’Église catholique de ces 30 dernières années, s’est éteint quelques jours après avoir contracté le Covid-19. Dans un télégramme envoyé à la sœur du cardinal, Maria Sodano, le pape François s’est souvenu du « travail assidu » de son frère auprès de ses prédécesseurs « qui lui ont confié d’importantes responsabilités dans la diplomatie vaticane, jusqu’à la délicate fonction de secrétaire d’État ». Le pontife argentin a salué son implication dans les nonciatures « de l’Équateur, de l’Uruguay et du Chili », où « il s’est consacré avec zèle au bien de ces peuples, en promouvant le dialogue et la réconciliation ». Il a souligné son « dévouement exemplaire » au service de la Curie romaine. « Moi aussi, a poursuivi le pape François, j’ai pu bénéficier de ses dons d’esprit et de cœur, surtout lorsqu’il était Doyen du collège des cardinaux ».
Né en 1927 à Isola d’Asti, dans le Piémont, et ordonné prêtre en 1950, il est entré neuf ans plus tard au service de la Curie romaine, sous le pontificat de Jean XXIII. Il deviendra progressivement une figure incontournable de la diplomatie vaticane. Formé à l’école des nonces, il est d’abord affecté en Amérique du Sud où il est secrétaire de nonciature en Équateur, en Uruguay et au Chili. De retour à Rome en 1968, il s’investit durant dix ans dans le Conseil pour les affaires publiques de l’Église – sorte de ministère des affaires étrangères de l’Église qui sera renommé en 1988 Section pour les relations avec les États.
Bras droit de Jean Paul II
C’est en 1977 que le pape Paul VI le nomme nonce apostolique au Chili. Angelo Sodano reçoit alors l’ordination épiscopale. Sous la dictature militaire d’Augusto Pinochet, le nonce s’illustre notamment dans les négociations diplomatiques mettant fin au conflit opposant le Chili et l’Argentine concernant le canal de Beagle. En 1988, un an après avoir organisé le périlleux voyage de Jean Paul II au Chili marqué par des émeutes, le diplomate italien est rappelé à Rome pour assumer les fonctions de secrétaire de la future Section pour les relations avec les États. Puis, le 1er décembre 1990, le pontife polonais lui confie la charge de pro-secrétaire d’État du Saint-Siège après la démission pour raison d’âge du cardinal Casaroli. Il devient officiellement cardinal secrétaire d’État le 29 juin 1991, au lendemain du consistoire qui le fait entrer dans le collège des cardinaux. Le « Premier ministre” du pape a alors 63 ans.
Bras droit de Jean Paul II jusqu’au terme de son pontificat en 2005, il est élu vice-doyen du collège des cardinaux en 2002. Les dernières années du pontife polonais, marquées par la maladie, donnent au cardinal Sodano un rôle politique accentué qui sera l’objet de critiques. Il est confirmé au poste de secrétaire d’État par Benoît XVI le 30 avril 2005, mais pour un an seulement. Le pape allemand choisit pour le remplacer le cardinal Tarcisio Bertone. Homme de réseau, le cardinal Sodano garde cependant une influence importante à la Curie puisqu’il reste le Doyen du Sacré Collège jusqu’en 2019.
En tandem avec le cardinal Bertone, alors camerlingue, il assure la continuité du gouvernement du Saint-Siège dans le contexte inédit faisant suite à la renonciation de Benoît XVI en 2013. C’est d’ailleurs lui qui réagit en premier à l’annonce du pontife allemand lors du consistoire du 11 février en qualifiant a décision du pape de « coup de tonnerre dans un ciel serein ». Le Piémontais a alors la charge de préparer le conclave qui conduit le cardinal Bergoglio sur le trône de Pierre. Le pape François lui retire finalement sa charge de doyen en décembre 2019 alors que le cardinal italien a 92 ans. Le pontife argentin opère dans le même temps un changement puisque la charge de doyen est désormais limitée à un mandat de cinq ans renouvelable une fois et ne peut plus être cumulée.
La crise des abus sexuels
Le nom du cardinal Angelo Sodano revient dans plusieurs affaires d’abus sexuels que le haut prélat aurait minimisés, voire, tenté de camoufler. Il aurait par exemple fait en sorte de protéger au début des années 2000 le fondateur des Légionnaires du Christ, le Mexicain Marcial Maciel, finalement reconnu coupable par Benoît XVI de très graves abus sexuels. Sa responsabilité dans la crise de l’Église chilienne où il fut nonce de 1978 à 1988 est aussi avancée ainsi que ses liens avec Fernando Karadima, prêtre chilien condamné en 2011 par Rome pour abus sexuels et renvoyé de l’état clérical par le pape François en 2018.
En 2010, le cardinal archevêque de Vienne, Christoph Schönborn, avait par ailleurs critiqué le cardinal italien pour ses propos réduisant à des ‘jacasseries’ les scandales de pédophilie au sein du clergé. Il l’avait aussi accusé d’avoir couvert les méfaits de son prédécesseur à Vienne, le cardinal Groër, au milieu des années 1990. En 2020, son nom apparaît également dans le rapport sur l’ex-archevêque de Washington, le cardinal McCarrick, accusé d’avoir commis de nombreux abus sexuels sur des séminaristes. En 2000, alors que le pape Jean Paul II semblait avoir écarté la candidature du prélat américain au poste d’archevêque de Washington, le cardinal Sodano sert d’intermédiaire pour que le dossier soit réexaminé par le pontife qui accepte finalement de le nommer.