Bien que sa béatification lui octroie actuellement un peu de notoriété, Pauline Jaricot est encore peu connue en France. Pourtant, c’est une figure célèbre à l’étranger, notamment grâce à ses intuitions et son rayonnement via les Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM) présentes aujourd'hui dans 140 pays du monde.
A l’époque de Pauline, ce ne sont pas encore les OPM mais l'Œuvre de la Propagation de la Foi, qu’elle initie dès 1822, le 3 mai exactement. L’idée est assez simple. Pour soutenir les missionnaires dans le monde, Pauline invite les donateurs à donner chacun "un sou hebdomadaire" et à convaincre dix autres donateurs à faire de même. La somme récoltée est ensuite versée aux congrégations missionnaires.
Un tout premier réseau social de crowdfunding en somme, très efficace, car rapidement l’Œuvre de la Propagation de la Foi va jouer un rôle de première importance dans le développement des missionnaires français au XIXe siècle. Elle sera d’ailleurs présente dans tous les pays de la chrétienté à la fin de ce siècle. Un véritable mouvement missionnaire spirituel s'est ainsi développé ces années-là, franchissant les frontières de la France grâce à cette femme, laïque, et lyonnaise qui avait pour souhait de prier et d’évangéliser le monde.
Revue tirée à 40.000 exemplaires
Et ce n’est pas tout ! Lyon, la ville natale de Pauline, va alors devenir la capitale financière des missions mais aussi le plus grand centre mondial d’informations sur les missions grâce au lancement d'un bulletin de l'œuvre de la propagation de la foi. En effet, pour mobiliser ses donateurs, Pauline se dit qu’ils doivent rester informés. Ainsi, en échange d’un soutien matériel et financier, il va être demandé aux missionnaires du bout du monde d’envoyer régulièrement de leurs nouvelles afin qu’ils racontent leurs missions, attirent de nouveaux soutiens et suscitent de nouvelles vocations.
"On estime que, de son vivant, 2,5 millions de personnes priaient le Rosaire Vivant."
Ces écrits sont réunis, dès 1822 dans une revue sous le titre de Nouvelles reçues des missions, titre qui deviendra dès 1825 Les Annales de la propagation de la foi. Tirée au départ à 10.000 exemplaires, la revue ira jusqu’à 40.000 exemplaires les années suivantes en France ! Un succès inouï pour l’époque, qui permet ainsi d’informer le lectorat français et même de nombreux chercheurs et scientifiques, car les informations recueillies sont exceptionnelles d’un point de vue humain et missionnaire, mais aussi géographique ou ethnologique. Quel rayonnement pour l’intuition au départ d’une jeune fille de 23 ans !
Le Rosaire Vivant
L’autre grande œuvre de Pauline qui rayonne dans le monde, c’est le Rosaire Vivant, elle qui vouait une grande dévotion à la Vierge Marie. Fondée en 1826, l’Œuvre du Rosaire Vivant permet la constitution de groupes de quinze "associés", qui prient à tour de rôle des dizaines de chapelet en continu, afin de réciter un Rosaire complet. "On estime que, de son vivant, 2,5 millions de personnes priaient le Rosaire Vivant", a indiqué à Aleteia Mgr de Germay, qui ajoute que la pratique reste encore très répandue, notamment en Pologne. "Cela explique la venue de très nombreux Polonais à Lyon pour la béatification de Pauline le 22 mai", précise–t-il. Preuve également que le Rosaire demeure vivant encore aujourd'hui dans le monde: le témoignage touchant du père de Mayline, la jeune miraculée par l’intercession de Pauline, qui a reçu des témoignages du monde entier de personnes indiquant avoir prié pour Mayline lors de la neuvaine lancée pour sa guérison en 2012.
Morte ruinée et dans un quasi anonymat, difficile de ne pas s’enthousiasmer devant le rayonnement de Pauline Jaricot, qui a bel et bien dépassé les siècles et les frontières grâce au Rosaire vivant et à son œuvre de propagation de la Foi !
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