Dès sa conversion en 1816 (elle est alors âgée de 17 ans), Pauline Jaricot, fille d’un couple de commerçants de soie à coudre de Lyon, eut l’intuition surnaturelle que sa vie se passerait à l’ombre de la Croix. Le jour des Rameaux 1817, Jésus, par une voix intérieure, lui demande : « Veux-tu souffrir et mourir avec moi ? » Elle répond positivement, tout en ignorant quelle forme prendra ce sacrifice. En fait, elle sera ruinée par deux escrocs à l’occasion de l’achat d’une usine dont elle voulait faire un modèle d’unité de travail à base de valeurs chrétiennes. L’entreprise tournera au cauchemar pour Pauline qui passera le restant de sa vie dans la pauvreté, avec le souci constant de rembourser ses créanciers.
Mais avant la survenue de cette catastrophe, Pauline avait fondé l’Œuvre de la Propagation de la foi (devenue « Œuvres pontificales missionnaires » de nos jours) qui secourt spirituellement et matériellement les missions à travers le monde, et le Rosaire vivant, vaste réseau de laïcs qui prient le chapelet pour l’évangélisation des peuples. Or, comble de malheur, elle se verra dénier la maternité de ses deux œuvres qui ne tardèrent pas à avoir un succès mondial ! Calomniée à la fin de sa vie par ceux qui voyaient dans sa misère le signe d’une imposture et d’une réprobation divine, ce n’est qu’après sa mort que justice lui sera rendue. Elle sera béatifiée le 22 mai 2022.
Elle avait une si vive conscience que sa souffrance était une participation à la croix de son Maître qu’elle écrivait : « Oh ! qu’il est donc vrai que c’est une chose bien amère pour le cœur du Verbe incarné que le refus qui lui est fait des cœurs ! »
Le réconfort de l’Eucharistie
Bien que souffrant de tous ces malheurs, Pauline ne s’en plaignait jamais devant ses visiteurs. Où puisait-elle donc la force pour supporter ses épreuves ? D’abord, dans la méditation de la Croix de Jésus. Elle comprenait que son existence prenait, au fil du temps, le chemin du Golgotha et qu’elle serait de plus en plus configurée au Christ souffrant, ainsi qu’Il le lui avait prophétisé l’année de sa conversion. « Dieu seul connaît quelle sera la fin de toutes mes luttes, toujours est-il que, si elle doit finir sur la croix, je veux que ce soit en la compagnie du Sauveur, et à sa droite, comme le bon larron. Marie m’en obtiendra la grâce » écrivait-elle durant ses années d’affliction. C’est en Jésus, en effet, qu’elle puisa les ressources nécessaires pour pardonner à ses persécuteurs et accepter sa souffrance qu’elle offrait en réparation pour le déclin de la foi et le relèvement de l’Église en France. À cet égard, elle avait une si vive conscience que sa souffrance était une participation à la croix de son Maître qu’elle écrivait : « Oh ! qu’il est donc vrai que c’est une chose bien amère pour le cœur du Verbe incarné que le refus qui lui est fait des cœurs ! »
Sa dévotion à Marie, l’humble servante, développa chez elle une sollicitude constante pour la condition ouvrière.
Ensuite, Pauline trouvait du réconfort dans l’Eucharistie. Dès sa conversion, elle avait pris l’habitude de communier quotidiennement, ce qui était très rare à l’époque, surtout pour une laïque. Elle suivait en cela l’exemple de ses parents qui ne commençaient jamais une journée de travail sans participer à la messe à 4 heures du matin ! À la fin de sa vie, dans l’état de misère où elle se trouvait, le jeûne eucharistique (on ne plaisantait pas à l’époque avec lui, il fallait être à jeun depuis la veille à minuit) provoquait chez elle de grandes douleurs physiques quand elle était en déplacement. Pauline Jaricot resta fidèle à la communion quotidienne au milieu de ses malheurs. Jésus était sa consolation et sa force, lui auquel elle s’était vouée totalement dès sa jeunesse le jour de Noël 1816 en faisant vœu de virginité perpétuelle. Pauline représente un exemple de femme consacrée qui voulut exercer son apostolat en restant laïque. Là aussi, elle était une pionnière.
Son amour pour l’Église et la Vierge Marie
Pauline Jaricot puisait également son courage dans son amour pour l’Église. C’est cet amour qui explique le zèle sans pareil qu’elle déploya en fondant les deux Œuvres majeures de la Propagation de la foi et du Rosaire vivant — œuvres destinées à l’accroissement de l’Église. Cet amour pour l’Église explique également l’intuition qu’elle eut de l’apostolat des laïcs qui allait révolutionner l’Église un siècle plus tard. Enfin, son amour de la Vierge lui permit de répondre à tant de malheurs par une joie surnaturelle. Sa dévotion à Marie, l’humble servante, développa chez elle une sollicitude constante pour la condition ouvrière. Dans ce domaine social, elle était en avance sur son temps au sein de l’Église. Ses derniers mots sur cette terre furent pour la Vierge : "Mère ! Ô ma Mère ! Je suis toute à vous." Il était normal que la sainte s’endormît en pensant à Celle dont le Rosaire vivant allait puissamment aider à propager la dévotion.
Croix, Eucharistie, Église et la Vierge Marie : tels sont les quatre piliers qui soutinrent Pauline Jaricot durant la seconde partie de son existence marquée par l’ingratitude, la souffrance, l’indifférence et la misère. On peut y rajouter quelques amitiés qui ne se démentirent jamais, ainsi que le soutien du saint curé d’Ars, Jean-Marie Vianney.
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