Le 22 décembre dernier, les moines cisterciens de l’abbaye Notre-Dame des Neiges annonçaient leur départ, avec tristesse mais mûre réflexion, suite au "déclin des forces de la communauté" et "aux charges trop lourdes". Si la décision "prise dans la paix" était inévitable, le père Hugues de Seréville, abbé de la communauté depuis 2002, est resté actif pour trouver un remplaçant. Il dit avoir reçu 27 propositions de reprises, parfois farfelues et bien éloignées de la vie religieuse, tout en envoyant, de son côté, des courriers personnalisés à sept communautés susceptibles de reprendre le magnifique lieu, perché à 1.100 mètres d'altitude, sur la commune de Saint-Laurent-les-Bains (Ardèche). Parmi ces communautés, les sœurs cisterciennes de Boulaur, dans le Gers, dynamique communauté de 31 moniales, qui accueillent régulièrement des nouvelles vocations, par l’intercession de Claire de Castelbajac. Or ce que les moines ignoraient sans doute, mais pas la Providence, c’est que les sœurs réfléchissaient déjà depuis plusieurs années à une nouvelle Fondation "bien avant l’arrivée de nos huit dernières novices", confie à Aleteia sœur Anne, mais les recherches ne se concrétisaient pas…
"Comme frères et sœurs immédiatement"
"Quand notre Mère Abbesse a reçu le courrier du père Hugues fin décembre, elle nous l’a lu en Chapitre, et nous nous sommes mises à prier en communauté", reprend-t-elle. Puis les sœurs se disent qu’avant de prendre une décision, il faut bien aller voir sur place ! Alors par petits groupes, voila les religieuses qui partent en voiture découvrir les lieux. "Comme nous ne pouvons laisser nos vaches et notre ferme, nous avons échelonné nos départs de fin janvier jusqu’au début du carême". Une fois sur place, chaque sœur le confiera plus tard en privé à la Mère Abbesse, chacune sera touchée par la beauté des lieux et l’accueil des moines. "Nous nous sommes senties comme frères et sœurs immédiatement", confie encore la sœur Anne.
Le carême arrive à point nommé pour laisser les sœurs dans la prière et dans l’attente, et c’est donc en ce temps pascal que la nouvelle est annoncée : "avec le soutien des abbés Généraux des deux Ordres cisterciens, et à l’invitation de Mgr Balsa, évêque de Viviers, le projet de fondation a été voté par la communauté des moniales". "Si les Chapitres Généraux de l’OCSO et de l’OCist approuvent cette décision lors de leur réunion à l’automne prochain, huit moniales de Boulaur rejoindront l’abbaye des Neiges à partir du 1er décembre 2022 pour y poursuivre la belle tradition de prière et d’accueil initiée par les frères en ces lieux".
Reliques de Charles de Foucauld
Notre-Dame des Neiges est une étape du chemin de Stevenson sur le GR70 et par conséquent un lieu de passage très fréquenté des amateurs de grands espaces. Si les sœurs confient qu’il est encore trop tôt pour parler de leur mission sur place, une chose est sûre, l’accueil devrait y tenir un grand rôle et les marcheurs pourraient devenir pèlerins. D’autant qu’une célèbre figure est passée par là, Charles de Foucauld y a vécu plusieurs mois après sa fulgurante conversion. En souvenir du futur saint, un reliquaire contenant une partie de son doigt se trouve dans une chapelle latérale et pourrait attirer de nombreux pèlerins alors que sa canonisation aura lieu le 15 mai prochain à Rome. D’ailleurs, pour assurer la transmission entre les congrégations "des neiges", quatre sœurs de Boulaur rejoindront les moines trappistes à Rome pour y assister ensemble. Et signe que la Providence veille toujours, savez-vous quelle prière manuscrite a-t-on retrouvé dans le portefeuille de Claire de Castelbajac après sa mort ? Celle de Charles de Foucauld que la jeune femme priait particulièrement …