Lancer son métavers chrétien en trois jours
Une église dans le métavers en trois jours : c’est la promesse par exemple de la VRchurch, une église de réalité virtuelle créée en 2016. Celle-ci vient de diffuser une conférence de près de trois heures pour vous apprendre à lancer un espace d’évangélisation dans les métavers. Une conférence riche d’enseignements qui pourra être complétée par la lecture d’un rapport publié fin 2021 dédié à la question d’une église “phygitale” (Digital Hybrid ‘Phygital’ Model for Church). Cette étude fait le point sur les pratiques et surtout la technique nécessaire pour évangéliser les métavers. Selon Jeff Reed, directeur du Metaverse Church NEXT :
La création de ces espaces de réalité virtuelle s’inscrit dans une autre démarche, en complément de l’évangélisation. Un métavers chrétien offre un espace sécurisé en ligne pour pratiquer la foi chrétienne dans les pays qui ne le permettent pas ou dans lesquels il serait dangereux de s’exposer. C’est sur cette base, mais aussi pour lever des fonds au bénéfice de l’Ukraine, que s’est lancée l’initiative "Holy Bibles NFT", un espace destiné à rassembler tous les croyants : Unique collection to gather all believers of Christ and build a digital community (pour adorer Dieu ensemble sans distinction de race, de langue ou de nationalité, ndlr). Une démarche qui montre que la structure des églises "physiques" peut ne pas s'appliquer spontanément au bénéfice d’un espace chrétien reposant sur le kérygme.
La foi dans le métavers a ses limites…
Si la réalité virtuelle se présente comme un nouvel "espace des possibles", il semble que tout n’y soit pas autorisé, pour des raisons physiques, voire théologiques. C’est la conclusion d’une étude d’un centre de recherche théologique anglican, the Oxford Centre for Mission Studies, qui, dès septembre 2020, a porté sur cette pratique accélérée par la Covid-19. L’auteur, Guichun Jun, y traite du métavers chrétien en se posant plusieurs questions relatives à la digitalisation des sacrements. S’il valide l’idée que le métavers fait bien partie de la Création de Dieu, qu’il est possible d’y « faire Église », il pose clairement des limites relatives notamment à la communion. Un avatar, représentation digitale d’un(e) participant(e), ne saurait être baptisé, ni ne pourrait communier en lieu et place d’une personne réelle.
Le Catéchisme de l’Église catholique intégrera-t-il un jour un chapitre dédié aux mondes numériques ?
En complément des assemblées, prières et louanges qui sont possibles en ligne, il y a une pratique qui semble pouvoir faire son chemin : la bénédiction. En effet, si l’on s’en remet au Decreto in tempo di Covid émis par le cardinal Robert Sarah en mars 2020, "les moyens de communication télématiques en direct, et non enregistrés, pourront être utiles. Dans tous les cas, il reste important de consacrer suffisamment de temps à la prière, en valorisant surtout la Liturgia Horarum". Par extension, une bénédiction urbi, orbi et in metaversa ne serait pas une absurdité, comme les bénédictions pontificales ou la bénédiction des rameaux proposée dans le diocèse de la Réunion par le biais de la télévision pendant le confinement.
Un cadre liturgique nécessaire
Si la technologie avance rapidement, il faudra un jour penser à la liturgie à appliquer à la VR (virtual reality). Une proposition qui tient encore de l’anticipation, mais nous savons maintenant que la matière digitale peut chambouler bien des paradigmes… Pour le moment, ce sont les évangélistes et surtout l’Église adventiste qui avancent rapidement sur le sujet, voire en font la promotion comme l’indique cet article de l’Adventist News Network, agence d’information officielle de la Seventh-day Adventist Church et dont le titre est sans équivoque : How the Métavers Can Be an Opportunity for the Church ("Comment le métavers est une opportunité pour l’église").
Le Catéchisme de l’Église catholique intégrera-t-il un jour un chapitre dédié aux mondes numériques… lui qui traite déjà de l’usage des moyens de communication sociale ? Il nous prévient cependant que les "mass média" peuvent engendrer une passivité des usagers. Quand la médiation du corps n’est plus nécessaire, que devient l’âme ? Un risque, à prendre en compte, qui nécessite de discerner ces usages naissants.