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La campagne pour l’élection présidentielle s'est achevée avant qu’une autre ne prenne bientôt le relais pour les législatives. Le hasard du calendrier fait que ce dimanche, l’Église invite les catholiques à se tourner vers la Divine Miséricorde. Cette fête liturgique, instituée par saint Jean Paul II en 2000, tombe à pic : elle offre une halte spirituelle après des semaines de confrontations politiques, légitimes dans une démocratie, mais qui ont aussi divisé les catholiques.
À l’école de la miséricorde
On se souvient que dans l’Europe médiévale, l’Église catholique interdisait toute activité guerrière à certaines périodes de l’année. On appelait cette suspension temporaire de violence la "Trêve de Dieu". Les épées devaient rester rangées dans leurs fourreaux. Et les récalcitrants étaient passibles de sanctions dont l’excommunication ! Autres temps, autres mœurs ! Ce dimanche de la Miséricorde propose une trêve facultative dédiée à la Bonté, à la Pitié et au Pardon. Après s’être battus pour des idées et des candidats, après s’être opposés les uns les autres, pas toujours avec mesure et bienveillance, comment les chrétiens ne profiteraient-ils pas de cette oasis liturgique pour se remettre à l’école de la miséricorde ? Pour se radoucir à l’exemple de Jésus, impliqué lui aussi, dans les dialectiques de son temps.
La miséricorde délivre un programme, mieux, un style de vie : être miséricordieux c’est témoigner de la pitié du cœur.
Ce mot miséricorde, un peu vieillot, a retrouvé de la vigueur avec le pape François. Il en a fait la devise de son pontificat. Selon son étymologie, la miséricorde délivre un programme, mieux, un style de vie : être miséricordieux c’est témoigner de la pitié du cœur. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?
La pitié du cœur
Il se trouve que ce dimanche est aussi la journée du souvenir des déportés de la Seconde Guerre mondiale. Au camp de concentration nazi de Dachau, il y eut un admirable artisan de la pitié du cœur. Dans sa baraque, il y avait des prisonniers politiques, mais aussi des prêtres qui distribuaient clandestinement la communion. À mesure qu’ils mourraient, victimes des chambres à gaz ou du typhus, il les remplaçait pour donner l’eucharistie avec l’aide de déportés communistes ! Ce témoin de la miséricorde s’appelait Edmond Michelet. Malraux le surnomma "l’Aumônier de la France". La pitié du cœur exercée par Michelet est cette qualité divine ancrée en tout être humain et qui actée peut transfigurer un cachot en parcelle du Royaume !
Le 29 avril prochain, on fêtera sainte Catherine de Sienne (1347-1380). Pour cette tertiaire dominicaine, morte prématurément à 33 ans, la miséricorde était la valeur cardinale de la foi chrétienne. Elle en usa sa vie durant pour réconcilier les personnes, les familles, les cités et les clans qui divisaient l’Église de son temps. Proclamée Docteur de l’Église par saint Paul VI, elle fut aussi une grande réconciliatrice des âmes avec Dieu. "Ta miséricorde donne vie. Elle donne cette lumière qui permet de connaître Ta clémence dans chaque créature, dans les justes comme dans les pêcheurs", écrit-elle dans une hymne à la Miséricorde. Ainsi ce dimanche de la Miséricorde est-il une "Trêve de Dieu" des temps modernes. Elle nous est offerte comme un reposoir, où l’on vient se désarmer de bon cœur, pour contempler, partout où se pose le regard, l’étendue infinie de la miséricorde de Dieu.