Le quotidien des Petites Sœurs des Pauvres, pauvres parmi les pauvres, est tourné vers le service aux autres, le tout dans la plus grande discrétion. Et ce ne sont pas que des mots. S'il fallait une preuve parmi d'autres, ce message du père Laurent Berthout, du diocèse de Bayeux, posté sur Twitter, va vous le démontrer. En effet, lundi 4 avril, avait lieu les obsèques d'une petite sœur des pauvres de 102 ans, à Caen, dans la chapelle de la communauté. Quelle ne fut pas la surprise des quelques fidèles présents, de découvrir le cercueil recouvert du drapeau américain, et dans l'assemblée, la présence de trois militaires américaines venues spécialement (de leur base en Belgique).
C'est ainsi que l'on apprend que la discrète petite sœur Marie-Joseph de l’Assomption, qui depuis les années 1950, vit en France et a été en mission dans différentes communautés françaises et belges, était en fait américaine et militaire ! Née en 1920 à Hamilton (Ohio), Mary Ulm s'engage pendant la Seconde guerre mondiale dans l’armée américaine, au service des transmissions, et participe à ce titre au débarquement en Normandie en juin 1944. Elle ira même jusqu'à Paris, défiler sur les Champs-Élysées.
C’est lors de ce passage en France, que la jeune Mary va découvrir les Petites Sœurs des Pauvres, et être particulièrement marquée par leur bonté et leur dévouement auprès des réfugiés et des blessés. Aussi, à son retour en Amérique, elle décide de postuler et commence son noviciat à Détroit en 1950. Elle prononce ses vœux temporaires en 1952 et obtient l'autorisation de venir en France, où elle prononcera ses vœux solennels à Paris en 1957. Depuis lors, la petite sœur Marie-Joseph va être au service des plus pauvres, en France puis en Belgique, avant d'arriver à Caen en 2018 et d'y souffler les bougies de ses 100 ans en 2020.
Elle meurt paisiblement le 1er avril dernier, et ce n'est qu'alors que la mère supérieure, l'une des rares au courant, a prévenu sa famille, un neveu est venu spécialement des États-Unis, et l'armée américaine, qui a envoyé trois femmes militaires, pour porter le cercueil. Sans le partage sur les réseaux sociaux de cette jolie histoire, la sœur Marie-Joseph aurait pu partir aussi discrètement qu'elle a vécu. Mais une fois n'est pas coutume, si le bien ne fait pas de bruit, il est bon parfois d'en entendre un léger écho pour réchauffer le cœur et l'âme du plus grand nombre.