Pour comprendre l'engouement des Ukrainiens pour la madone de Pokrov il faut remonter au Xe siècle. À cette époque, alors que l'empire byzantin (à Constantinople) est menacé par les Arabes ou les Slaves, la Vierge Marie serait apparu avec saint Jean Baptiste et saint Jean à saint André, appelé André le "Fou en Christ", à Constantinople dans l’église des Blachernes, illustre sanctuaire marial et une très belle église de la ville. Elle se serait avancé alors en pleurs vers l’autel en déposant son propre voile qui couvrait sa tête sur le peuple pour le protéger et le sauver.
"Pokrov" signifie ainsi le voile au sens propre et reprend de l'hébreu de l'Ancien Testament, seter (voile), le sens figuré de "protection" ou de "sécurité". La fête de l'icône de Pokrov ou, autrement dit, de Notre Dame de toute protection, qui commémore son apparition, a été proclamée fête nationale de l'Ukraine. Elle est célébrée le 14 octobre. Du temps de l'occupation soviétique et nazie, cette icône prit une immense importance pour la nation ukrainienne qui la révère comme une de ses icônes préférées. Fait intéressant, cette fête fut instituée en Russie au XIIe siècle sous le règne du prince de Vladimir André Bogolioubsky (1157-1174), dont saint André était le saint patron. En dehors de la Russie, elle est donc célébrée en Ukraine, mais aussi en Bulgarie, en Roumanie et également en Grèce.
Un voile de protection
L’icône du Pokrov représente la Mère de Dieu debout en orante les bras levés, dans un décor d’église byzantine, et accompagnée par les saints. Deux variantes existent : soit la Vierge elle-même déploie largement son voile, soit ce sont deux anges qui étendent le voile sur le peuple. Au-dessus du voile étendu, se tient le Christ en buste. La prière à la Vierge de Pokrov fait allusion à son voile qui brillait au-dessus de la foule sauvée :