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On a toujours raison de s'adresser à la Vierge Marie avec franchise, directement et sans fioritures. L'épisode que m’a raconté Catherine en est l'illustration. À l'âge de 40 ans, son mari fait un infarctus. Malade du cœur, les médecins ne lui donnent que deux ans à vivre. À la douleur de devenir veuve s'ajoute pour Catherine la prévision de devoir élever seule son fils de 10 ans.
Durant sa convalescence, son mari est placé dans une maison de repos à Fronton, village de la Haute-Garonne. Ne voyant pas d'issue à son affliction et devant la sombre perspective qui se dessine, Catherine prend son courage à deux mains et se rend à l'église du village. Là, elle prie longuement la Vierge. Surtout, elle a l'audace de l'interpeller : « Sainte Vierge, Dieu vous a accordé saint Joseph pour époux parce que vous ne pouviez pas élever Jésus toute seule. Faites donc que mon époux continue à vivre longtemps, bien au-delà des deux ans que les médecins lui accordent, afin que je ne me retrouve pas toute seule avec mon enfant… »
Le Ciel nous apprend qu'il ne faut pas avoir peur d'interpeller vigoureusement les saints et surtout Celle qui est notre mère.
Or son mari vécut vingt ans de plus ! Son fils avait 32 ans à la mort de son père. La prière de Catherine fut-elle exaucée par l'intercession de Notre-Dame ? Catherine est une familière de Lourdes. Plusieurs années après le décès de son mari, elle se rend à la cité mariale. Là, elle a un entretien avec un chapelain qui se trouve spécialiste de saint Joseph, André Doze. Elle lui confie ses scrupules au sujet de la façon dont elle a interpellé jadis la Vierge au sujet de son mari. Le prêtre, qui voue une grande dévotion au père nourricier de Jésus, est intrigué par le raisonnement de Catherine qui a fait mention, dans sa prière, du soutien que Marie a obtenu de Joseph pour élever Jésus. Les deux personnes continuent à s'entretenir de la foi. Au détour de la discussion, le père Doze finit par lui demander depuis combien de temps son mari est décédé puis s'enquiert du jour de sa mort. « Le 19 mars, répond la veuve. — Mais savez-vous que c'est le jour de la fête de St Joseph ! » s'exclame le chapelain. Catherine l'ignorait !
Je ne peux m’empêcher de voir là un beau clin d'œil du Ciel ! Il nous apprend qu'il ne faut pas avoir peur d'interpeller vigoureusement les saints et surtout Celle qui est notre mère. Jacob n'avait-il pas dit à l'ange qu'il affronta au gué du Yabboq : « Je ne te lâcherai pas que tu ne m'aies béni ! » (Gn 32, 27). Dans la parabole de la veuve importune et du juge inique, Jésus lui-même nous recommande de prier Dieu sans se lasser en ne craignant jamais d'insister (Lc 18, 1-8).