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Le groupe Veolia est devenu ce mardi 18 janvier propriétaire de Suez, devenant ainsi le numéro un mondial du traitement de l’eau. Avoir engendré un authentique leader alors qu’on ne représente que 4% du PIB mondial mérite d’être noté à l’heure où on dénigre un peu facilement les entreprises ! Pourquoi une telle réussite dans ce domaine ? Il y a probablement deux raisons.
Le goût des métiers compliqués
La première est que ce type de métier sied aux talents français. Les Français aiment les métiers compliqués intégrant des savoir-faire dont les technologies ne sont pas encore stabilisées : la construction de ponts, la recherche pétrolière, les assurances… Le traitement de l’eau et des déchets entre typiquement dans ces catégories. Ils sont en revanche loin d’exceller dans les métiers qui demandent de la précision et de la discipline dans l’exécution, là précisément où les talents allemands et les Japonais donnent leur mesure : la mécanique de haute précision, la machine-outil, les grosses automobiles pour ne donner que trois exemples.
Voilà encore un beau projet pour l’Europe d’avoir des grands concessionnaires dans quelques services publics bien choisis et ce, sur une base plus large que celle du pays.
La seconde raison tient à l’origine même du métier… C’est la décision d’un acteur public, la ville de Lyon qui, il y a 150 ans, a concédé à un acteur privé, la CGE, une activité qu’il réalisait lui-même, la gestion de l’eau, en mettant au point un contrat de concession. Forte de cette expérience, la CGE a relevé le challenge, puis persuadé d’autres villes de faire de même en devenant au fil des ans le groupe Veolia.
Le succès des concessions
Les Français, (Véolia n’étant pas seul sur le marché, il y a eu Suez), ont réussi à gérer l’eau d’autres villes à l’étranger et à acquérir le leadership mondial. En étant confrontés à de très nombreuses situations, ils ont développé un authentique métier qui est devenu leur force et leur raison d’être. Saluons Veolia mais aussi l’invention du système de concession dans lequel l’État sous-traite une activité tout en gardant le contrôle, invention géniale à mettre à l’actif de notre sphère publique. D’autres expériences de concession ont été réalisées depuis, comme la gestion des autoroutes. Un autre exemple dont on parle peu mais tout aussi exemplaire est la société EGIS, issue des services d’étude du ministère de l’Équipement, par décision d’Albin Chalandon, sous Pompidou, qui, par le même mécanisme est en train de devenir le leader mondial de ce domaine d’expertise, preuve, au passage, de l’excellence de nos ingénieurs des Ponts et Chaussées.
En cette période où l’on réfléchit aux moyens de baisser les coûts et d’améliorer l’efficience de notre sphère publique, on pourrait faire de même avec la télévision, la météo, certains domaines de santé, de l’éducation… En fait, quand on y réfléchit bien la majorité des activités non régaliennes s’y prêterait. Voilà encore un beau projet pour l’Europe d’avoir des grands concessionnaires dans quelques services publics bien choisis et ce, sur une base plus large que celle du pays. Souhaitons bon vent à Veolia, porte-drapeau du génie français mais aussi preuve que le système de concession peut jouer un rôle important dans des domaines essentiels de la sphère publique. L’énergie du privé et la vision du public peuvent se conforter et amener une formidable productivité. C’est aussi une belle illustration de l’idée, qu’en s’effaçant, on peut parfois produire… plus grand que soi !