Dans un appel solennel signé communément, les évêques de Pologne et d'Ukraine ont souligné qu'ils étaient préoccupés par la nouvelle de l’échec des discussions entre la Russie et l'Union européenne, les États-Unis et l'Otan. "L'occupation du Donbass et de la Crimée a prouvé que la Fédération de Russie - violant la souveraineté de l'État et l'intégrité territoriale de l'Ukraine - se réfère au mépris des principes applicables du droit international. La situation actuelle est un grand danger pour les pays d'Europe centrale et orientale et pour l'ensemble du continent européen", ont-ils insisté. En suivant le pape François qui a demandé lors de l’Angélus de dimanche de prier pour la paix en Ukraine ce mercredi 26 janvier, ils ont invité tous les fidèles à réciter la prière pour la paix écrite par Jean Paul II, qui se termine par les mots : "Père, accorde à notre époque des jours de paix. Qu'il n'y ait plus de guerre".
Cet appel survient alors que les tensions vont crescendo ces dernières semaines dans cette région de l’est de l’Europe. La Russie est accusée par les Américains et les Européens d’avoir déployé des troupes militaires près de sa frontière avec l’Ukraine, faisant craindre le projet d’une attaque militaire. La tension est montée d’un cran ce lundi, les États-Unis rappelant tout le personnel diplomatique non essentiel en fonction du risque d’une invasion russe "à tout moment". Surpris, les pays de l'UE attendaient lundi des explications du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken sur la cette décision d'ordonner cette évacuation, rappel critiqué également par Kiev. En parallèle, Londres a également annoncé le retrait d'une partie du personnel de son ambassade à Kiev. Quant à la France, elle a conseillé de reporter les voyages non essentiels en Ukraine.
Dans ce climat tendu, l'Otan a annoncé placer des forces en attente et envoyer des navires et des avions de combat pour renforcer ses défenses en Europe de l'Est : actuellement sous commandement français, l’Alliance dispose d'une force de réaction rapide de 40.000 soldats. Pour Moscou, il s’agit d’une volonté "d'exacerber les tensions", selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il dénonce "une hystérie" en Europe, sur une supposée invasion russe imminente de l'Ukraine.
Sanctions en cours
De son côté, le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrel redoutait déjà, il y a une semaine, une "intégration de fait" de ces régions à la Russie. Il a déclaré aujourd’hui que l’Union n'allait pas agir comme les Etats Unis et la Grande Bretagne, car "nous ne connaissons pas les raisons spécifiques" de la décision de Washington : "Je ne pense pas qu'on devrait dramatiser dans la mesure où les négociations se poursuivent", a-t-il-affirmé tout en assurant que "le processus des sanctions est en cours, pour être sûr que tout sera prêt en cas de besoin". "Rien de concret ne sera approuvé aujourd'hui", a-t-il toutefois précisé. Par ailleurs, l'UE discute d'un soutien financier de 1,2 milliard d'euros pour aider l'Ukraine.
En effet, Moscou et Washington ont convenu d'un nouveau rendez-vous, et Antony Blinken doit informer encore lundi les membres de l'UE des "pourparlers francs" qu'il a tenus vendredi avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Si Moscou assure ne pas avoir l'intention d'intervenir en Ukraine, elle soutient les revendications des séparatistes pro-russes des républiques autoproclamées de Lougansk et Donetsk dans le Donbass (est). Plus de 100.000 soldats, des chars et de l'artillerie russes sont massés aux frontières avec l'Ukraine. Par ailleurs, le Kremlin exige un engagement écrit sur le non-élargissement de l'Otan à l'Ukraine et à la Géorgie. Il demande un retrait des forces et des armements de l'Alliance atlantique des pays d'Europe de l'Est ayant rejoint l'Otan après 1997, notamment de Roumanie et de Bulgarie. Des demandes qui, à ce jour, sont jugées inacceptables par les Occidentaux.