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Prématurité : les limites de la viabilité repoussées

PREMATURE, BABY, GIRL
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Hélène Join-Lambert - Gènéthique - published on 23/01/22
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De "record" en "record", les limites de la viabilité des nourrissons prématurés semblent toujours plus repoussées. Et interrogent sur la pratique de l’avortement.

Le 30 décembre 2021, une jeune femme de 17 ans a donné naissance au plus petit bébé prématuré né au Royaume-Uni, durant ces vingt dernières années. La petite fille pesait 325 grammes à la naissance et aurait dû naître au mois d’avril. Née après 25 semaines de grossesse, les médecins ne donnaient que 20% de chance de survie au bébé. Sous étroite surveillance, Hannah restera à l’hôpital au moins jusqu’au mois d’avril.

L’histoire d’Hannah n’est pas un cas isolé. Déjà le 31 mars 2017, Austin était né avec 18 semaines d’avance. Il ne pesait que 570 grammes. Sa peau était tellement fine que l’on pouvait distinguer ses organes. Ses oreilles et ses poumons n’étaient pas terminés. Et l’année dernière, un ancien prématuré est entré au Guinness des records après avoir soufflé sa première bougie. Grâce aux progrès de la médecine, les nouveau-nés prématurés sont viables de plus en plus tôt. Un bébé japonais a défrayé la chronique, en sortant de l’hôpital en bonne santé, cinq mois après sa naissance. Il était né en 2018, à 24 semaines et ne pesait alors que 268 grammes.

Naître de plus en plus tôt, avorter de plus en plus tard ?

Le Docteur Edward Bell, médecin en néonatalogie et professeur de pédiatrie à l’Université de l’Iowa aux États-Unis, témoigne : "Je fais ce métier depuis 40 ans, et j’ai vu le seuil de viabilité reculer d’une semaine tous les 10 ans dans mon hôpital. » Aujourd’hui, « des bébés minuscules survivent à 24, 23, voire 22 semaines". De même, une étude publiée en mars 2019 la revue de l’Association médicale américaine (Jama) a révélé que 13% des bébés de moins de 400 grammes et nés à 22-26 semaines dans 21 hôpitaux américains de 2008 à 2016 ont survécu. L’un d’eux pesait seulement 330 grammes. Des résultats qui "montrent que la survie est possible", s’enthousiasme le Docteur Edward Bell, coauteur de cette étude. 

Mais comment ne pas être tenté de faire le parallèle entre ces belles histoires, ces chiffres encourageants, et la réalité de l’avortement dans le monde ? Aux États-Unis par exemple, les jurisprudences Roe et Casey autorisent l’avortement "tant que le fœtus n’est pas viable", soit généralement jusqu’à 22 ou 24 semaines. Mais que devient cette limite quand aujourd’hui, des enfants naissent à ce terme et survivent ? Au Royaume-Uni, alors que le nombre d’avortements "tardifs", c’est-à-dire pratiqués au-delà de la 20e semaine de grossesse est en augmentation — 150.000 entre 2013 et 2018 selon le secrétaire d’État à la Santé, la naissance d’Austin, né avant la limite légale pour avorter, avait déjà interpellé.

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