« Vous n’avez pas méprisé les femmes, Seigneur. Vous avez trouvé près d’elles autant de générosité et plus de foi que chez les hommes. Mais un jour viendra où l’on verra ce qu’ils valent, tous autant qu’ils sont ! » écrivait Thérèse d’Avila dans Le Chemin de perfection, ouvrage destiné aux religieuses qui l’avaient suivi dans sa réforme du Carmel.
Cette docteur de l’Eglise d'avant-garde, mystique et grande écrivaine du XVIIe siècle était aussi une haute figure du féminin. Comme le décrit Marguerite Yourcenar : "Thérèse d’Avila était, au XVIe siècle, remarquablement active. Elle fondait des couvents, prenait ou faisait lever des hypothèques, négociait avec les autorités. Aujourd’hui, elle réussirait même dans les affaires ou la politique. Mais elle serait la même femme et, d’une manière ou d’une autre, une sainte".
Le geste féminin pour entrer en amour avec Jésus
Brillante et belle d'une façon éclatante, son génie est d’avoir montré l’amitié intime de Dieu et révélé que l’amour de Dieu, si on ne l’incarne pas à notre tour, reste juste un concept vide. Quand la future sainte comprend ce qui pousse le Christ à s’offrir n’est pas un amour vague et général mais son amour pour chaque personne, Thérèse d’Avila cherche alors un modèle, pour apprendre à aimer Jésus complètement et au quotidien. Et elle trouve celle qui va inspirer à jamais son « action amoureuse » envers Jésus : Marie de Béthanie. Celle qui comprend tout de suite l'essence du désir de Jésus, et l'exprime au cours d’un geste insensé : "Marie, prenant une livre d’un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux ; et la maison s’emplit de la senteur du parfum » (Jn 12, 3). À Judas qui se plaint d’un tel gaspillage, prenant prétexte des besoins des pauvres, Jésus répond : « Laisse-la faire » (Jn 12, 7). La signification de son geste est une véritable leçon d'art de vivre par ses trois aspects :
1Un geste généreux
Marie de Béthanie a cette intuition profonde de ce qui va se passer et rien ne peut l’empêcher d’aller au-devant de son amour pour Jésus, même pas les regards désapprouvants des convives. En effet, son geste leur semble insensé et maladroit. Mais Marie fait « un geste de pure gratuité qui accomplit intuitivement, le nouveau commandement de Jésus donné à ses disciples plus tard : Vous devez vous laver les pieds les uns aux autres », comme l’explique à Aleteia Marguerite Léna, philosophe, enseignante et membre de la Communauté apostolique Saint François-Xavier. La signification du geste de Marie de Béthanie est une vraie leçon d’art de vivre : elle manifeste son amour avec tout ce qu’elle a, avec tout son être.
2Un geste féminin
En détachant ses cheveux pour essuyer les pieds de Jésus, Marie se dé-voile au sens propre du terme. Elle met toute sa personne, toute son intimité, dans ce geste d’adoration. Avec son parfum et avec ses cheveux, Marie est tout entière dans son offrande. « Ce geste de l’onction est un geste féminin comme la caresse de la maman donnée à son enfant », explique encore Marguerite Léna.
3Un geste amoureux
En versant le parfum, c’est elle-même qui se donne. Marie est à l’écoute du cœur de Jésus et elle devance son geste en se donnant elle-même, à sa façon. C’est ce qui touche Jésus. Deux cœurs qui se rencontrent, qui s’ouvrent à une relation essentielle, fondamentale, amoureuse. Marie de Béthanie est dans cette relation, ses convives dans l’efficacité. Il n’en va pas de l’efficacité humaine, comme de la logique de l’amour. Très marquée par l’attitude de Marie de Béthanie qu’elle veut suivre, la future sainte décrit la relation amoureuse avec Jésus dans ce poème :
Une leçon lumineuse pour savourer le sens du sublime dans la vie, le vrai sens de la vie chrétienne. Celui qui transforme la vie.