La nouvelle traduction du Missel romain, qui entre en vigueur le 28 novembre prochain, privilégie le pluriel « les péchés » au singulier « le péché ». Quelle en est la raison et qu’est-ce que cela induit ?
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Parmi les modifications liées à la nouvelle traduction du Missel romain, il en est une minime qui a cependant son importance. Un simple passage du singulier au pluriel, mais qui met l’accent sur le fait que le péché n’est pas une fatalité liée à notre condition de pécheur.
A deux reprises dans la nouvelle traduction de l’ordinaire de la messe, "le péché du monde" devient "les péchés du monde". C’est le cas dans le Gloire à Dieu et dans l'Agnus Dei : "Toi qui enlèves les péchés du monde" remplace "Toi qui enlèves le péché du monde". Le même glissement s’effectue dans l’introduction à l’acte pénitentiel : "Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché" au lieu de "que nous sommes pécheurs".
La traduction française du Missel de 1970 avait jusqu’à présent opté pour "le péché" au singulier. "Un choix qui renvoyait à notre condition de pécheur, marqué par le péché originel et pris dans une forme de conditionnement où le péché s’impose à nous", explique à Aleteia le père Samuel Berry, délégué épiscopal pour la pastorale liturgique et sacramentelle dans le diocèse de Pontoise. Un singulier qui trouve son enracinement dans la Bible : saint Paul invite à ne plus être "esclave du péché" (Rm 6, 6). Saint Jean fait dire à Jean-Baptiste : "Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde" (Jn 1, 29), et rapporte ainsi les paroles de Jésus : "Qui commet le péché est esclave du péché" (Jn 8, 34).
Cependant, pour répondre à l’exigence de la nouvelle traduction de se rapprocher le plus possible du texte original latin, "péché" passe au pluriel. "On passe d’un péché que l’on subit du fait de notre condition de pécheur, à un péché qui relève plus d’un acte libre", précise le père Samuel Berry. Les deux lectures sont justes, mais avec "péchés" au pluriel, l’accent est mis sur la liberté et la responsabilité individuelle, plutôt que sur le fait d’être marqué par le péché originel. "Cette traduction met en exergue le fait que le péché n’est pas une fatalité. L’homme ne se réduit pas à la condition de pécheur, mais il a posé des actes libres qui l’ont séparé de Dieu." De quoi méditer lorsque viendra le moment de dire "Toi qui enlèves les péchés du monde".