L’inquiétude monte au sein des Églises chrétiennes de l’État indien du Karnataka. Une enquête spéciale et un profilage des missionnaires ainsi que du personnel travaillant dans les Églises a récemment été commandé par le Backward Classes and Minorities Welfare, l’organisme gouvernemental qui s’occupe "de la promotion et du développement des groupes les plus défavorisés". Pour mémoire, Au Karnataka, les hindous représentent 84% des 61 millions d’habitants, tandis que les musulmans représentent 13% et les chrétiens 2%.
"Pourquoi le gouvernement s’intéresse-t-il à une enquête sur le personnel religieux et les lieux de culte uniquement de la communauté chrétienne ?", s’est interrogé Mgr Peter Machado, archevêque de Bangalore, auprès de l’agence Fides. "Cet exercice est inutile et dangereux". Avec en toile de fond l’ombre des prétendues conversions forcées et les sentiments antireligieux qui montent, il est dangereux de faire de telles enquêtes. Les lieux de culte de notre communauté, ainsi que les curés, pasteurs et religieuses, seront identifiés et pourront être pris pour cible. Nous avons déjà entendu parler d'incidents sporadiques dans le nord et dans le Karnataka", s’est inquiété l’archevêque de Bangalore.
Vers une marginalisation des minorités religieuses
Les responsables des différentes Églises voient dans cette enquête un élément d’un plan plus vaste promu par le Bharatiya Janata Party (BJP), parti pro-hindou au pouvoir dans l’État, qui vise à mettre en œuvre un programme politique pro-hindou marginalisant les différentes minorités religieuses, dont les chrétiens. Huit États indiens ont en ce sens déjà adopté des lois spécifiques interdisant les conversions religieuses. Ces lois, notent les Églises, vont à l’encontre de l’esprit de la Constitution indienne qui accorde la liberté de prêcher, de pratiquer et de professer sa religion.