L’adage est connu : la précipitation est mauvaise conseillère. Peut-être encore plus dans la vie affective. La relation amoureuse invite à la patience. Elle se forge au gré d’un cheminement, ponctué d’étapes qui interrogent régulièrement nos choix et interpellent notre liberté. Alex Deschênes, auteur de Tu es don (Artège), revient sur les grandes étapes de la relation amoureuse, qu’il appelle la pyramide de la patience. Des étapes qu’il invite à ne pas brûler, en vue de gagner en liberté. « A la base de tout amour vrai, il y a l’amitié », souligne-t-il. Cela se vérifie dans le couple lui-même : le conjoint est le meilleur ami, mais aussi dans l’histoire du couple, quand une relation d’amitié précède des fiançailles. Il est bon que dans un premier temps des amitiés se tissent entre garçons et filles, sans ambigüité, sans jeu de séduction. C'est au travers des amitiés que nous grandissons en amour, en respect et en chasteté.
Lorsqu’une amitié se développe et devient exclusive, c’est le temps de la « fréquentation » : « Sans être encore le mariage, il y a un engagement à ne fréquenter personne d’autre durant ce temps », précise Alex Deschênes. Période importante pour se connaître l’un l’autre, passer du temps à deux, sans pour autant se couper de ses proches et de ses amis. Il est « essentiel de ne pas lâcher le groupe, de passer du temps avec ses amis ». Outre le fait d’éviter une relation fusionnelle, c’est aussi en société que l’autre révèle qui il est. La fréquentation amoureuse suppose une vraie honnêteté, vis-à-vis de soi (est-ce que j’aime vraiment cette personne ou est-ce que je l’utilise pour mon plaisir ?) et vis-à-vis de l’autre (si je n’imagine pas une seconde poursuivre ma vie avec elle, je lui fais du tort). Puis, dès lors qu’il y a une demande en mariage claire, ce sont les fiançailles. Un temps de discernement en vue du mariage. Il est primordial, à chaque étape de la relation, de demeurer libre. « Là où je ressens de la pression, je ne suis pas libre », alerte Alex Deschênes. Car il n’y a pas de vrai « oui » sans la capacité de dire non. Et il ne peut y avoir d’amour sans liberté.
Un langage des corps adapté
La nécessité de demeurer libre et en vérité dans la relation amoureuse impose d’être clair par rapport à l’étape où l’on se situe : sommes-nous juste amis ou bien engagés dans une relation amoureuse exclusive ? Vit-on comme des fiancés, ou comme mari et femme ? De ces questions découle un langage des corps différents selon les situations. Les gestes entre deux amis ne sont pas les mêmes que ceux entre deux amoureux. Notre corps est fait pour exprimer une relation, pour rendre visible l’amour. De fait, il y a un certain rapprochement physique dans la relation amoureuse. "Jusqu’où aller ?" s’interrogent certains jeunes. Alex Deschênes invite à garder « la sphère de l’intimité sexuelle en vue du don total de son corps à travers le mariage ». Selon lui, c’est uniquement dans cette relation que l’on peut vivre la sexualité « sans crainte et sans remord ». Nos cœurs et nos corps sont faits pour un amour gratuit, inconditionnel, total et fécond. C’est ce que nous désirons au plus profond de nous-mêmes. Qui voudrait d’un amour partiel, conditionnel et infidèle ? Or le mariage permet ce don total de nous-mêmes, cette union des cœurs, des corps et des âmes.