Au VIIe siècle, les lutrins, qui existaient déjà, avaient un tout autre usage. Ils étaient utilisés par les moines copistes pour écrire et enluminer leurs ouvrages. Progressivement, ils se sont déplacés dans les églises pour porter des ouvrages de grande taille, lourds et peu maniables. À une époque où il était impossible de faire des photocopies et où les livres coûtaient cher, le lutrin permettait aux chantres de voir, tous en même temps, le livre et donc de pouvoir chanter ensemble. C’est au XIIIe siècle que la production de lutrins liturgiques va se répandre plus largement.
Si les lutrins sont généralement fabriqués en bois ou en fer forgé, il n’est pas rare d’en voir aussi dans des matériaux plus précieux. Le pied ou socle est souvent massif pour supporter le poids des livres. Il en existe même où l'on peut voir un coffre à livres pour conserver les manuscrits. Quant au pupitre, il dispose de un à quatre versants et peut se régler au niveau de la hauteur et de l’inclinaison.
Les lutrins possèdent souvent un socle représentant les symboles des quatre évangélistes. C’est qu'on appelle le tétramorphe : l'aigle pour saint Jean, le lion pour saint Marc, l'homme pour saint Matthieu et le taureau pour saint Luc. L’aigle, qui représente l’évangéliste Jean mais qui symbolise aussi la lutte du bien contre le mail, sert parfois de support pour les livres. Grâce à ses ailes déployées, il permet de déposer facilement le livre ouvert. Dans ce cas particulier, on parle d'aigle-lutrin.
Avec le temps et l’évolution des besoins liturgiques, la nécessité de lire les partitions à plusieurs sur un unique lutrin a disparu. Ces derniers sont encore parfois utilisés par les chantres mais ont largement perdu en utilité. Ils sont souvent gardés dans les églises pour leur beauté et leur intérêt historique. Mais, si on regarde bien, on voit que l’ambon actuel, qui sert à chanter et lire les textes bibliques, a naturellement hérité du pupitre qui reprend sa forme mais aussi son inclinaison.