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Ils sont foulés chaque année par des centaines de milliers de marcheurs en quête de sens et de beauté. Les chemins qui mènent à Saint-Jacques-de-Compostelle font la joie des pèlerins qui viennent trouver, sur ces routes sillonnées par des milliers de chrétiens depuis le Moyen Âge, du dépaysement, des sensations fortes, du recueillement et même parfois du réconfort. Autant de raisons qui font de Saint-Jacques-de-Compostelle l’une des routes de pèlerinages les plus célèbres d’Europe.
Mais ces chemins de plusieurs milliers de kilomètres, c’est aussi un patrimoine à préserver qui nécessite de l’entretien. Bancs, murets, cabanes et puits bordent les routes et participent à la beauté des lieux tout autant qu’au confort des marcheurs. Mais faute de moyens, les communes — responsables de l’entretien des chemins qui traversent leur commune — délaissent parfois cet entretien.
Fort de ce constat, Yves Lacam, président d’une petite association qui restaure les murets de son village de Limogne, dans le Lot, décide, en 2015, d’étendre cette initiative à l’entretien des chemins de Saint-Jacques. "Ces chemins rapprochent les hommes. Il m’a semblé important de préserver ce patrimoine autour d’une initiative commune qui rassemble plusieurs villages du Lot traversé par le GR65", explique-t-il à Aleteia.
Et, dès la première année, le succès est au rendez-vous ! En 2015, ce ne sont pas moins de 500 bénévoles, soit 1.000 mains, qui participent à un grand week-end de restauration des chemins de Saint-Jacques ! Habitants du village ou passionnés des chemins de Saint-Jacques, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, l’initiative attire un public varié. Et depuis, chaque année, l’émulation est la même pour ces passionnés qui viennent, parfois de loin, se retrouver durant ce week-end où se mêle la joie d’être ensemble et la fierté de préserver ce patrimoine millénaire.
Aujourd’hui, l’association, baptisée "1000 mains à la pâte", veut étendre son action au niveau national afin qu’elle dépasse les frontières du Lot. Grâce au soutien de l’Agence des Chemins de Compostelle (Acir) qui a fait rayonner cette initiative auprès des autres localités, de nouveaux territoires vont rejoindre l’initiative cette année lors du week-end du 2 octobre. "L’État et l’Acir réfléchissent à une gestion plus rigoureuse et officielle de l’entretien des portions de chemin inscrits à l’Unesco. Pour le reste, il faut compter sur le dynamisme des communes", confie Yves Lacam.
Jacques Lonjou, référent du projet dans la commune de Varaire (Lot), témoigne de sa joie de participer chaque année à cette initiative. "Je n’ai jamais fait les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle mais j’apprécie l’idée de revaloriser ces chemins et de partager, avec toute la commune, ces moments de convivialité", raconte-t-il. "De plus, j'aime beaucoup travailler la pierre, j’ai donc quelques compétences qui peuvent aider". Divisés en plusieurs équipes, les bénévoles sont supervisés par un responsable. Chaque groupe est ensuite muni d'outils et dispersé sur des tronçons. Ici, c’est un puits qu’il faut restaurer, là-bas un muret, plus loin un chemin envahi par la végétation qui a besoin d’un bon coup de sécateur. Entre deux coups de pioche, les petits groupes se retrouvent autour d’un pique-nique bien mérité. Le soir, si la fatigue et les courbatures se font ressentir, elles sont bien vite oubliées face à la fierté d’avoir remonté un muret dont les ruines présageaient une disparition certaine.
Au-delà de la préservation d’un patrimoine unique, cette initiative est aussi l’occasion d’attirer les randonneurs dans des villages parfois reculés où l’économie est mise à mal. "Pour avoir été maire de la commune, j’ai pris conscience de l’intérêt des chemins et du passage des pèlerins. J’ai d’ailleurs créé un gîte d’étapes car il en manquait", confie Yves Lacam. "Certains reviennent pour les vacances, d’autres s’y installent… être bien accueilli sur ces chemins, c’est donner l'envie d’y revenir." Nul doute, en écoutant ces témoignages, que les grâces continuent de pleuvoir sur les chemins de Saint-Jacques, autant pour les marcheurs que pour ceux qui les accueillent.