Revenant notamment sur les raisons qui ont motivé la publication du motu proprio Traditionis custodes, le pape François a déploré les progrès de deux "perversions" dans l’Église, celle de la rigidité et du cléricalisme. Ces propos ont été tenus lors d’un entretien avec des Jésuites slovaques le 12 septembre 2021 mais publié sur le site de la Civilta Cattolica ce mardi 21 septembre.
La liberté nous fait peur.
Dans un monde "tellement conditionné par les addictions et la virtualité", explique le chef de l’Église catholique, "la liberté nous fait peur". "C’est pourquoi aujourd’hui des gens se tournent vers le passé : pour chercher la sécurité", analyse-t-il.
Parmi les peurs les plus significatives dans l’Église, le pontife cite la crainte qu’ont certains chrétiens des "expériences pastorales" ou des "personnes qui ont une diversité sexuelle". Il revient aussi sur les difficultés qu’il a eu, lors du Synode sur la famille en 2015, pour "faire comprendre que les couples en seconde union ne sont pas déjà condamnés à l’enfer".
"Nous avons peur de célébrer devant le peuple de Dieu qui nous regarde en face et nous dit la vérité", ajoute l’évêque de Rome. Il fait ensuite référence, sans qu’on l’interroge à son Motu proprio Traditionis custodes, publié cet été et qui oblige désormais les prêtres qui veulent célébrer en rite tridentin – le rite pré-Vatican II – à demander une autorisation au Saint-Siège.
Pour le pape François, cette loi vise à rétablir les "véritables intentions de Benoît XVI et de Jean Paul II". Il se dit désolé de voir, dans "certains pays" seulement, un nombre considérable de jeunes aller demander à leur évêque l’autorisation de célébrer le rite tridentin, "un phénomène qui indique que nous sommes en train de régresser".
Le pontife a par ailleurs raconté l’histoire d’un cardinal confronté à la même demande qui avait enjoint ses prêtres à apprendre la messe en espagnol et en vietnamien pour répondre aux besoins des minorités locales avant d’apprendre le latin. "Il les a fait atterrir", se réjouit le pontife.
Dans l’entretien, le Pape évoque par ailleurs une grande chaîne de télévision catholique qui le critique "sans arrêt", décrivant cette obsession comme "l’œuvre du diable". Selon les Britanniques Austen Ivereigh, biographe du Pape, et Christopher Lamb, journaliste pour The Tablet, c’est le conglomérat médiatique américain conservateur EWTN que cible le pontife.