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Après le Bataclan, la déchirante espérance d’Érick et Sylvie

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Blanche Streb - publié le 13/09/21
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Érick et Sylvie ont perdu leurs deux filles dans l’attentat du 13 novembre 2015. Blanche Streb a lu leur déchirant témoignage où ils racontent leur découverte de "l’Espérance qui fait vivre".

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Il y a des épreuves et des souffrances impossibles à concevoir pour soi, des livres qu’on ouvre le cœur tremblant, puis des chemins qu’on se sent honorés d’avoir croisés. Érick et Sylvie Pétard ont eu le courage de prendre la plume, six ans après la tempête qui a tout abattu. Ce 13 novembre 2015. Cette nuit du Bataclan. Ce jour sanglant où leurs deux filles, Anna et Marion, ont trouvé la mort, sur l’insouciante terrasse du Carillon, sous les balles d’un terroriste. 

Attente, angoisse, coups de fils restés sans réponse, et puis l’annonce. Le choc. L’absurde. Se laisser guider là où on ne voudrait jamais aller. La morgue. La mort. Froide, brutale, insensée, irrémédiable. Ces yeux qui doivent se poser sur les êtres aimés plus que tout. Ce cerveau qu’il faut bien reconnecter à la réalité. Ces entrailles déchirées. Ces cœurs qui doivent continuer à battre, ensemble, malgré le glaive qui les transperce. Cette vie qui doit continuer, et ce temps qui, jamais, ne revient sur ses pas pour effacer le malheur qui, jamais, n’aurait dû arriver. L’absence.

Ce livre résonne comme un cri. Il crie l’injustice d’une telle barbarie et les légitimes questions sur ce qui aurait pu, aurait dû, être fait à tout prix pour l’éviter. C’est une critique douloureuse qui égrène le bal des politiciens, les tenailles de la machine administrative et judiciaire, les commémorations au goût de cendres, les lâchetés. Érick n’épinglera jamais sa "médaille nationale de reconnaissance aux victimes" créée pour l’occasion par François Hollande. Ce qu’il épingle, c’est l’incommensurable fatigue ressentie devant un "État qui ne cherche qu’à honorer les morts sans faire son possible pour préserver les vivants". Erick et Sylvie ont ouvert la porte de leur cœur à leurs lecteurs, un cœur déchiré dans lequel Dieu s’est engouffré. 

Marion et Anna Pétard.

Le jour des obsèques, ils reçoivent douloureusement une phrase de l’évêque présidant la messe. "La vie ne peut surgir de la mort que si vous pardonnez." Ces douze mots inaudibles dans l’instant, s’inscrivent pourtant déjà en eux. Pour plus tard. Quand ? C’est entre Dieu et eux. Le pardon est un mystère. Le chercher, c’est déjà l’approcher. Le désirer, c’est vouloir briser la chaîne du mal. Quand la douleur atteint de tels sommets, l’espérance sait que ce pardon peut advenir, non de nos seules forces humaines, mais par don. Un pardon qui n’enlève rien à l’urgence de la justice des hommes. Dans leur appartement avec vue sur mer, ils ont définitivement tourné leurs âmes vers l’horizon de Dieu, "laissant aux plus jeunes le soin de combattre l’arbitraire des fanatiques fondamentalistes". Sans cacher leur profonde inquiétude pour la France, ils savent où mettre leur foi et prient "pour que lumière et force habitent les chrétiens". 

Erick et Sylvie nous offrent l’Espérance qui nous fait vivre. C’est le témoignage d’un couple qui a su rester soudé, tourné vers les autres, qui survit à ce qu’il n’a pas choisi de vivre mais choisit la lumière et la Vie. Ils ont (re)trouvé la foi. Au milieu des larmes, Dieu était là. 


L’Espérance qui nous fait vivre, Sylvie et Érick Pétard, Artège, sept. 2021, 240 pages, 15 euros.

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