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Vietnam Nord, 1956. Il est 6h au camp numéro 1, mais les coups de marteau résonnent depuis déjà une demi heure. Entourés de gardes armés, les prisonniers exécutent leurs travaux obligatoires en déplaçant des pierres et construisant de nouvelles baraques. Avec rien d’autre qu’un demi bol de riz dans l’estomac, chaque effort est source de douleur. La chaleur torride du soleil ne tardera pas à rendre le travail encore plus pénible.
Tan, arrivé dans la nuit, fait partie des travailleurs. Comme beaucoup d'autres ici, il est accusé d’avoir parlé contre le régime communiste. La boule au ventre, il constate avec effroi la maigreur et les yeux épuisés des autres prisonniers. Dans quelques semaines, lui aussi ressemblera-t-il à un squelette ambulant ? Cette pensée le hante.
C'est alors qu'un petit murmure se propage sur le chantier. Assez discret pour ne pas attirer l’attention des gardes mais assez fort pour que Tan puisse l’entendre. Il cherche des yeux le responsable.
Ce dernier est méconnaissable au milieu des autres. Il porte le même uniforme sale, deux tailles trop grand. Ses joues sont creusées car comme eux, il est mal nourri.
À la surprise de Tan, certains prisonniers commencent à réciter les mêmes paroles. Les gémissements se font moindre alors que le travail continue. À la pause de midi, le même homme joint les mains avant de prendre son repas et en donne une moitié à un prisonnier âgé et fébrile. Tan demande alors de qui il s’agit.
Toute la journée, il entend encore le frère murmurer ses prières. Lorsque l’un des prisonniers chancelle, Marcel négocie avec les gardes pour prendre sa charge afin qu’il ne soit pas envoyé en isolement.
Le soir venu, on les enferme dans une baraque trop petite, où ils doivent dormir à même le sol. Mais malgré l’épuisement, certains se rassemblent autour de Marcel. Le frère prie avec eux, écoute leurs tourments et leur parle longuement. Tan n’ose s’approcher pour écouter. Il s’enroule dans sa couverture miteuse et s’endort d’épuisement.
Dans la nuit, Tan se réveille. Ce lit de pierre est une torture pour son corps endolori. La faim lui tord les entrailles. L’envie de crier d’angoisse le saisit. Reverra-t-il un jour sa famille ? Mourra-t-il ici sous la tourmente de ses geôliers ? Son cœur lui semble sur le point d’exploser. C’est alors que le murmure du frère Marcel se fait à nouveau entendre.
Le frère est à genoux, les yeux vers le ciel. Entre chaque phrase, Marcel laisse passer un silence. Puis, comme si on lui parlait, il répond. Contrairement à une prière ordinaire, cela ressemble à une conversation. Ailleurs, on l’aurait pris pour un fou. Tan ne peut s’empêcher d’écouter.
Un ange passe, répondant d’une voix que seul Marcel peut entendre.
Tan sursaute lorsque Marcel se tourne vers lui. Le frère lui sourit comme s’il se savait observé depuis le début. Marcel lui propose de prier avec lui. Sans savoir pourquoi, Tan fond en larmes. Comme les autres tout à l’heure, il conte à Marcel sa misère et sa peur.
Marcel demande à Tan s’il est chrétien. Le jeune homme répond que sa sœur s’est convertie il y a peu et que lui-même connaît un peu Jésus. Alors Marcel lui apprend comment prier le chapelet.
La bonté du moine rédemptoristes s’étend à tous les prisonniers, chrétiens ou non. Marcel Van continue de servir ses compagnons sans relâche pour poursuivre la mission que Dieu lui a confiée en personne. Il subit les épreuves avec une dignité sans égale, tout en réconfortant les autres.
Son vœu le plus cher est exaucé le 10 juillet 1959, où il rend l’âme. Ainsi s’achève dans le camp de la misère la vie pleine de souffrance et de lumière de Marcel Van.