Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Par ce texte publié ce 16 juillet 2021, le pape François annule les normes du Motu Proprio « Summorum Pontificum » de Benoît XVI qui avait donné en 2007 le statut de forme « extraordinaire » à la messe selon le rite de saint Pie V. Il n’y a plus deux formes de rite mais un seul rite, à savoir celui du Missel promulgué par Paul VI en 1969. Il sera encore possible pour les fidèles de participer au rite tridentin mais de façon beaucoup plus limitée qu’auparavant.
Alors qu’il suffisait « qu’un groupe stable de fidèles » demande au curé de sa paroisse de célébrer la messe tridentine pour que cette dernière lui soit accordée, François met un coup d’arrêt à ce procédé. Désormais, le pontife argentin confie à l’évêque - « modérateur, promoteur et gardien de toute la vie liturgique » - le soin d’autoriser ou non la célébration de la messe en latin dans son diocèse.
Ce dernier devra toutefois respecter scrupuleusement certaines conditions du Saint-Siège. Tout en s’assurant que les fidèles traditionalistes n’excluent « pas la validité et la légitimité » de la réforme liturgique de Vatican II, il aura la charge de leur indiquer « un ou plusieurs » lieux pour célébrer le rite tridentin. Ces messes ne pourront pas avoir lieu dans les « églises paroissiales » et il ne sera pas possible d'ériger de nouvelles paroisses personnelles, précise le Saint-Siège.
L'évêque sera enfin chargé d’évaluer chacune des paroisses personnelles traditionalistes afin de discerner « s’il convient de les maintenir ou non ».
Dans chaque diocèse, un délégué de l’évêque s'assurera que les célébrations selon le Missel de 1962 comportent des lectures en langue vernaculaire et veillera à ne pas « autoriser la constitution de nouveaux groupes ». Le Vatican insiste sur le fait que ce délégué devra « être animé d’une vive charité pastorale et du sens de la communion ecclésiale ».
Contrairement aux dispositions prises par Benoît XVI, les prêtres devront demander une autorisation à leur évêque pour continuer de célébrer la selon le rite tridentin. En ce qui concerne les nouveaux prêtres, le Saint-Siège sera consulté par le biais de l’évêque.
Dans une missive adressée aux évêques, le pape François explique que c’est une enquête dirigée par la Congrégation pour la Doctrine de la foi sur l’application du texte de Benoît XVI qui l’a persuadé de la nécessité d’intervenir. Alors que la possibilité de célébrer la messe de saint Pie V avait pour objectif de « rétablir l’unité d’un corps ecclésial aux sensibilités liturgiques diverses », cette opportunité a été « exploitée pour élargir les fossés, renforcer les divergences et encourager les désaccords qui blessent l’Église, bloquent son chemin et l’exposent au péril de la division », s’attriste-t-il.
L’évêque de Rome déplore encore l’instrumentalisation de la messe tridentine, « souvent caractérisée par un rejet non seulement de la réforme liturgique, mais aussi du concile Vatican II lui-même, en prétendant, avec des affirmations infondées et insoutenables, qu’il a trahi la Tradition et la “vraie Église" ».
« Pour défendre l’unité du Corps du Christ, je suis contraint de révoquer la faculté accordée par mes Prédécesseurs », écrit-il noir sur blanc. Dans le sillage de Benoît XVI, François ne manque toutefois pas d’insister auprès des évêques sur la nécessité de célébrer correctement la messe de Paul VI, à savoir « sans excentricités ».
Si l’entrée en vigueur de ce texte est immédiate, reste à savoir comment les prêtres habitués à célébrer le rite tridentin vont pouvoir l’appliquer. Conscient du bouleversement qu’implique sa réforme, le pape François se veut rassurant : il exige que l’application du motu proprio s’assure « de pourvoir au bien de ceux qui sont enracinés dans l’ancien rite et qui ont besoin de temps » pour revenir au nouveau.
La question du détachement du rite extraordinaire des paroisses risque de poser rapidement des questions pratiques. Les fidèles vont « se retrouver dans des chapelles, des basiliques ou dans des lieux particuliers », avance un canoniste. Autant dire que ces changements demandent du temps. Si rien n’a été avancé par le Saint-Siège, ces dispositions pourraient être mises en place pour la rentrée, envisage-t-il.