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Sur le pavé parisien, l’imposante statue de saint Joseph de la Marche ouvre la route et dans son sillage, le petit groupe de pèlerins égrène le chapelet. C'est notre prière, celle des pauvres. Nous avons quitté Montmartre à l'aube. Le long des trottoirs avoisinants, des "voltigeurs missionnaires" répondent aux interrogations des piétons interpellés par le cortège improbable.
Devant la Vierge au pilier hébergée à Saint Germain l'Auxerrois, le nonce apostolique offre la bénédiction du Saint Père. Une figure du monde des affaires nous croise et nous parle d’économie. Nous lui offrons la carte de prière qu’il promet de conserver. Parmi les intentions, outre la famille et les malades, nous portons les travailleurs, épuisés par la crise, cernés par l’idolâtrie de la puissance ou écrasés par l’indignité de l’oisiveté. La marche avance à son rythme. Luc de Moustier, le sculpteur, est là. Il nous parle de son enfant Jésus, vif et serein, juché sur les épaules de Joseph. Pour certains, il bénit généreusement tous ceux qui lèvent leurs regards vers lui ; pour d’autres, il indique le chemin, tel le jeune scout, confiant en son azimut.
Le mouvement s’étire et les regards se croisent, en dépit de nos masques ; ces regards profonds qui délivrent une parole libre : "Madame, Monsieur, voici une statue de saint Joseph. Elle traverse la France et avec elle, nous allons à la rencontre de nos concitoyens. Voyez ce gros sac, en toile de jute, il collecte les CRIS des personnes rencontrées". Ces Colères, ces Réjouissances, ces Intentions de prière et cette Solidarité qui désormais nous lie. Nous embarquons Maryse croisée à la Médaille Miraculeuse puis croisons Mansour qui honore Youssef et Guillaume soucieux de son travail.
Deux clochards se signent. Raphaëlle, étudiante, parle à des jeunes bikers de sa rencontre avec Jésus qui a changé sa vie. Thierry évoque l’épopée folle et fervente qui invite à la déconnection et à la liberté. Francis Lalanne, troubadour de saint Joseph nous retrouve à Saint-Mandé pour nous lire ses chroniques récemment parues.
Le lendemain, la statue est entourée par la louange des gens du voyage. Un violoniste nous parle des ravages de la pandémie auprès du monde de la culture. Nous lui promettons notre prière. Il honore saint Joseph d’un morceau de sa composition. Matthis sur son vélo reste stupéfait devant la hauteur de l’œuvre qui avance. Il accueille avec attention les paroles de Luc, puis, muni de sa carte de prière, repart en roue arrière, virevoltant. Nous le devinons heureux. Comme nous le sommes.