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Malgré les multiples aspects objectifs qu'elle présente (écologique, économique, social, anthropologique, etc.), la crise que nous traversons actuellement est avant tout de nature spirituelle. L'homme semble vouloir fuir son intériorité et accepter l'idée que le bonheur se trouve dans les biens proposés par la société marchande. Les appâts du consumérisme, munis de la force de frappe du marketing, n'ont aucune peine à nous persuader que le bonheur est à portée de « clic » et de notre carte bleue. Face à ce rouleau compresseur subliminal, l'homme postmoderne est bien désarmé. Ayant fait l'impasse sur la culture de son âme, il est devenu une proie facile pour toutes les sollicitations de l'économie de la convoitise. Celle-ci s'accommode très bien d'un individu déstructuré, dévasté dans son intériorité et pauvre en relations interpersonnelles. Car les premiers alliés du consumérisme sont l'individualisme et le matérialisme rampant.
Or, cette déstructuration intérieure n'impacte pas seulement les monades individuelles que sont devenus les membres de la société de consommation. Elle se répercute également au niveau des réalités extérieures : économie, écologie, inégalités sociales qui explosent, repliements sectaires. Alors, que faire ? Qu'opposer à la raison instrumentale, technocratique, à l'idolâtrie du bonheur quantifiable et au repli sur soi ou sur sa communauté ? Tout simplement l'Esprit de Dieu ! Lui seul nous extirpera de cette nasse à la fois matérielle, idéologique et sociétale en déblayant le chemin du retour vers nous-mêmes — chemin obstrué par tant de chicanes, de guet-apens et de sirènes de tout acabit. Seule la voie de l'Esprit est en mesure de rendre à l'homme son intégrité de créature spirituelle. Et cet appel à l'Esprit transcende le niveau de nos individualités mais concerne également les réalités extérieures évoquées plus haut. La crise de l'esprit impacte en effet les équilibres écologiques qui, à leur tour, influent sur le domaine social. Si nous ne nous ressaisissons pas, à la crise écologique s'ajoutera une crise sociale parce que « tout est lié », ainsi que l'affirme le pape François à la suite de l'encyclique Laudato si'.
La solution aux maux actuels ne se trouve pas seulement dans la militance, mais aussi dans le retour vers soi et dans l'écoute de l'Esprit
Aussi la crise multidimensionnelle que nous traversons représente-t-elle une opportunité pour redécouvrir l'Esprit. Les défis qui nous attendent sont d'une ampleur trop importante pour qu'une réponse politique suffise. Seule une mobilisation éthique et spirituelle est à la hauteur de la gravité de la situation. C'est pourquoi les chrétiens ne doivent pas avoir peur d'en appeler à l'Esprit saint. À son école, l'homme, ballotté à tous les vents de la convoitise, prendra conscience du simple bonheur d'exister, renouera avec le respect dû à la Création et reprendra goût au soin de cultiver son âme en interdépendance avec ses semblables, en Église ou au sein de groupes d'entraide. La solution aux maux actuels ne se trouve pas seulement dans la militance, mais aussi dans le retour vers soi et dans l'écoute de l'Esprit, plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes !
L'Esprit, ce grand oublié, par William Clapier, Salvator, 2021.