Donnant directement sur la place Vendôme, la rue de la Paix réunit les enseignes des plus célèbres joailliers. Au numéro 9, entre Cartier et Tiffany's and Co, apparaissent les vitrines d’une maison de trois étages aux allures plus discrètes que ses voisines. Pourtant, Mellerio, fondée en 1613, est en fait la plus ancienne maison de joaillerie du monde. Le bracelet de Marie-Antoinette, la broche Paon de l’impératrice Eugénie, les diadèmes de la cour d’Espagne ou des Pays-Bas... Autant de grands noms qui ont marqué l'histoire de ce joaillier des rois et des reines. Toujours familiale et indépendante, la maison Mellerio a traversé plus de 400 ans, parant les têtes couronnées comme les fiancés de familles fidèles au joaillier de génération en génération. Rencontre avec Laure-Isabelle Mellerio, présidente et directrice artistique de la maison.
Aleteia : Avant de prendre la direction artistique de Mellerio, vous avez passé quelques mois dans les archives de la maison qui racontent le destin extraordinaire du plus ancien joaillier du monde. Parmi les trésors que vous avez trouvés, y en a-t-il qui vous ont particulièrement inspirée ?
Laure-Isabelle Mellerio : Cette maison est pour moi magique ! Son héritage est une vraie mine d’inspirations. C’était merveilleux de voir par la lorgnette du bijou à la fois l’histoire de l’art et la grande créativité des Mellerio, explorant différents styles, différentes techniques, avec un savoir-faire impressionnant et aussi beaucoup d’audace ! On y voit parfaitement le style Mellerio avec la nature et la couleur qui ont une place très importante. Une certaine grâce, une élégance parisienne, un raffinement. Jamais du tape-à-l’œil.
Chez Mellerio, expert en matière des fiançailles, le sur-mesure est au cœur du métier depuis toujours…
Oui, quand on parle de la maison Mellerio, on pense tout de suite aux familles qui depuis des générations commandent leurs bagues de fiançailles chez nous. Souvent, en apportant leurs pierres de famille. Si le upcycling (le recyclage « par le haut », ndlr) est prisé par les fiancés d’aujourd’hui, nous n’avons jamais perdu la tradition du sur-mesure. Les futurs mariés peuvent toujours venir avec leur pierre précieuse, souvent transmise dans la famille, pour faire réaliser une création sur mesure. C’est toujours pour moi une émotion très particulière quand je dessine ainsi une bague de fiançailles. Elle cristallise un moment essentiel dans une histoire d’amour.
Quand vous voyez un homme passer la porte de la boutique pour commander une bague de fiançailles, que lui conseillez-vous en premier ?
Il y a différents cas de figure. D’abord ceux qui savent exactement ce qu’ils veulent, ensuite ceux qui n’ont pas d'idée précise. Mais de plus en plus souvent, ils viennent avec leur fiancée qui peut être d’ailleurs très dirigiste quant au choix de la bague ! Parfois on se retrouve alors entre les deux qui ont des avis vraiment différents… À nous de pacifier les tensions et chercher une vision artistique réconciliant les deux.
Dans tous les cas, notre mission est de comprendre ce que la fiancée aime, quel est son style de vie, comment elle va porter la bague. Est-ce qu’elle est très sportive ou pas tellement ? Plutôt aimant le style minimaliste ou bohème ? Il est essentiel d’être à l’écoute de chaque détail. Quelle est sa pierre préférée ? Quelle monture, plutôt légère ou plus importante ? À partir de là, on fait une première esquisse qui permettra aux fiancés de s’y projeter, de l’imaginer, d’y réfléchir. C’est à partir de la validation du dessin, que la bague va partir en production.
Y-a-t-il des erreurs à ne pas commettre ?
Souvent la bague de fiançailles est la première bague avec une pierre que la jeune femme va porter. Elle peut donc au départ se dire qu’elle n’arrivera jamais à porter quelque chose d’aussi gros. Et même si finalement on s’aperçoit qu’on s’y habitue très vite (!), les conseils dépendent de la façon de vivre des futurs mariés. Si la fiancée est très sportive, l’erreur serait de créer pour elle une bague avec une pierre fragile. Si elle travaille, elle peut souhaiter ne pas être stigmatisée par une bague de fiançailles trop imposante. En revanche, si la jeune femme porte les bijoux au quotidien comme accessoires indispensables de son look, mon conseil sera différent. La règle est de s’adapter chaque fois à la vie, à la personnalité et au goût de la fiancée. Surtout si elle a la chance de choisir sa bague : ce n’est pas toujours le cas.
Est-ce que vous voyez des femmes qui souhaitent modifier leur bague de fiançailles ?
Oui, parfois certaines clientes s’autorisent au bout de quelques années de mariage à changer un détail. Bien sûr, il ne s’agit pas de changer la bague de fiançailles car la pierre ne bouge pas. Signe des temps, certains fiancés offrent à leur future épouse deux bagues : une bague de fiançailles avec une belle pierre, symbole de la demande au mariage portée pour les grandes occasions, et une autre beaucoup plus simple pour tous les jours.
Quelles sont vos pierres et couleurs de prédilection ?
J’aime associer les couleurs et les matières très librement, de façon inattendue. Je pense que ce goût pour la couleur et les contrastes, provient en partie de ma formation d'architecte d'intérieur et notamment d’une expérience chez David Hicks, designer et décorateur anglais qui était le premier dans les années 80 à oser mélanger le rouge, le rose, l’orange dans la décoration, Pour lui, la couleur était même “l’une de ses matières premières”.
Quelles sont les bagues de fiançailles les plus achetées en ce moment ?
De manière générale, les jeunes couples vont chercher plutôt des bagues classiques. Le diamant est toujours roi, suivi par le saphir. Quant aux bagues plus créatives, elles vont attirer beaucoup plus les personnes plus mûres. Mais ce qui est frappant, c’est le véritable retour aux traditions liées aux fiançailles comme au mariage. J’ai l’impression que les gens sont perdus et qu’ils ont besoin de s’ancrer à nouveau dans les plus belles traditions.
En images, découvrez les plus belles bagues de fiançailles de Mellerio, le joaillier des reines :