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L’humanité est-elle le pire ennemi de la nature ?

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Jeanne Larghero - published on 22/05/21
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Pour sortir de la fascination du pire, « les êtres humains, si fragiles et si puissants à la fois, ont dans leurs mains le grand destin de l’Univers et son accomplissement. »

L’humanité a une responsabilité envers la nature et le monde animal. La prise de conscience de cette responsabilité n’est pas récente, il suffit pour cela de se pencher sur la façon dont les auteurs de la Genèse ont entrevu le rôle de l’homme dans la Création. L’homme est intendant de la nature et ce faisant, il poursuit l’élan créateur de Dieu : rien de moins !

Cependant il aura fallu Hiroshima pour réaliser douloureusement l’envers du décor : l’homme est surtout capable d’exercer une puissance destructrice, capable d’anéantir la nature et les conditions d’existence de l’humanité sur cette terre. Voilà pourquoi les générations « millenials » vivent jusque dans leur psychisme la dimension tragique de notre rapport à l’environnement : qu’ont fait les générations précédentes ? et que serions-nous encore capable de faire ? l’être humain est-il condamné à n’être qu’un intrus maléfique ? 

Il est urgent de sortir les jeunes générations militantes de cette fascination du pire, de leur donner les moyens de sortir de ce mal-être dont ils témoignent souvent. Ne nous laissons pas hypnotiser par notre propre pouvoir de nuisance, renversons le logiciel : l’humanité a une raison d’être dans la nature, une raison d’être absolument unique. Elle a en charge la continuité de la Création, et dispose pour cela de deux pouvoirs, qui ne sont pas des outils de domination mais qui bien au contraire l’obligent envers la nature. Elle est dotée de l’intelligence technique et de la force de travail, grâce auxquelles elle compense largement la faiblesse de ses mains nues.

Nous sommes destinés à porter la nature vers son accomplissement.

Elle dispose aussi d’un autre pouvoir, sans lequel sa puissance exploserait en soif de domination : la capacité à penser la finalité de la nature. Si nous voyons la nature telle qu’elle est, non pas comme un paysage figé de documentaire, à préserver à l’identique, mais comme un système en interaction permanente, en constante évolution, nous avons alors à nous poser la question du but de l’univers et de notre contribution positive à l’équilibre de l’univers. Car la nature n’est pas un matériau extérieur à l’homme, ni même un simple environnement : cette vision pauvre et horizontale nous condamne au statut d’intrus profiteur.

Nous qui sommes chrétiens disposons d’une lumière supplémentaire, d’une intuition extrêmement puissante : l’Univers est en marche tout autant que l’Histoire humaine, et cette marche a une destination. Nous sommes destinés à porter la nature vers son accomplissement. Affirmons alors que notre nocivité potentielle n’est pas ce qui nous définit, faisant de l’homme l’ennemi de la nature. Affirmons au contraire la noblesse de notre mission : l’univers ne peut se passer de la présence de l’humanité, si nous avons l’intelligence de continuer à en comprendre les mécanismes, à nous soucier de la fertilité des sols, de la diversité des espèces, de la beauté des espaces infinis.

Les éléments naturels ont non seulement pour but de rendre possible, vivable et heureuse notre vie sur la terre, mais ils ont également pour but, en nous permettant d’exercer notre intelligence et d’aviver notre soif de contemplation, d’ouvrir notre âme à Dieu. Et les êtres humains, si fragiles et si puissants à la fois, ont dans leurs mains ce grand destin de l’Univers, son accomplissement : de l’infiniment petit à l’infiniment grand, exprimer l’infinie Beauté de Celui qui se révèle à travers eux. Voilà pourquoi notre responsabilité est immense.

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