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Entre Israël et le Hamas, la guerre à tout prix

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Des roquettes lancées depuis Gaza vers Israël par le Hamas, 11 mai 2021.

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Jean-Baptiste Noé - published on 20/05/21
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Quand la logique de guerre sert les intérêts politiques des belligérants, la communauté internationale paraît impuissante.

La reprise des affrontements entre le Hamas et Israël témoigne de l’extrême fragilité de la paix dans cette région du monde. Plus de 3.000 roquettes ont d’ores et déjà été tirées, sans créer de dégâts majeurs du fait de la protection antimissile d’Israël. Si aucune solution politique n’est possible à court terme, ces nouvelles violences renforcent toutefois les incompréhensions régnant de part et d’autre.  

La Palestine est une situation sans solution. Fondé en 1987 à Gaza, s’appuyant sur la pensée des Frères musulmans, le "Mouvement de résistance islamique" dit Hamas a comme objectif la destruction de l’État d’Israël. Une position qui empêche toute solution politique et tout accord. Le Hamas ne cherche pas à obtenir des territoires, mais à montrer son existence à l’égard d’Israël et à montrer sa détermination à l’égard des autres mouvements djihadistes. 

La politique du Hamas s’inscrit en concurrence avec les autres mouvements palestiniens, mais aussi à l’égard des autres mouvements islamistes. Il ne peut rester silencieux face à l’action et à la renommée d’Al-Qaïda et de Daesh, au risque de disparaître des radars des nouvelles générations arabes. Le Hamas est confronté à un double défi : se maintenir face à Israël et se maintenir aussi face aux autres mouvements islamistes qui, du Mozambique au Sahel, en passant par les Philippines et l’Irak, risquent d’effacer la question palestinienne et de faire oublier ce dossier. Il se doit donc d’agir pour continuer à exister. 

Le Hamas cherche à gagner en popularité dans le djihadisme mondial. Même si ses objectifs et son mode opératoire sont différents d’Al-Qaïda et de l’EI, il y a une concurrence pour capter le "soft power" du djihadisme, notamment dans la jeunesse musulmane européenne. Aujourd'hui, c’est l’EI qui fait rêver les jeunes musulmans d’Europe radicalisés. Attaquer Israël est aussi une façon de remettre la question palestinienne dans le jeu du djihadisme mondial et de capter l’attention et peut-être la sympathie de cette jeunesse musulmane en Europe. Objectif en partie rempli comme le démontrent les manifestations de soutien qui se sont tenues à Paris. D’où des cycles de paix et des cycles de violence. Mais chaque jour de paix qui passe est une défaite du Hamas et une victoire d’Israël. La stratégie du Hamas est donc celle de la publicité et de l’action, quand celle d’Israël consiste à "tondre le gazon" du terrorisme, selon l’expression des services israéliens, pour maintenir "l’herbe" de la violence à un niveau acceptable. Le terrorisme ne pourra jamais être éradiqué, mais tout doit être fait pour en tenir au loin l’intensité. 

Ne pouvant intervenir directement sur le sol israélien, le Hamas a opté pour la tactique de la roquette, qui consiste à viser des habitations et des bâtiments publics à partir de la bande de Gaza. Cela protège les combattants du Hamas et oblige Israël à intervenir directement au sol, opération militaire qui est toujours dangereuse pour les soldats de l’armée de terre et pour l’image qu’elle peut donner d’Israël. En 2014, Tsahal a ainsi conduit une opération au sol très violente contre le Hamas qui a détruit les capacités de nuisance et éliminé plusieurs responsables. Le Hamas a mis beaucoup de temps à se remettre de cette offensive et il ne peut que maintenant tenter de nouvelles opérations contre l’État hébreu.  

Si la tactique du Hamas repose sur l’attaque par roquette, sa stratégie n’est pas claire. Le mouvement est traversé par des luttes de pouvoir intestines. Son patron a été mis quatre fois en ballotage lors d’une sorte de primaire interne. Ismaïl Haniyeh a fini par gagner, mais avec une marge très restreinte contre son concurrent. Pour maintenir son pouvoir, il doit donc montrer qu’il est capable de lutter contre Israël. La partie "modérée" du Hamas qui veut prendre le pouvoir par les urnes est affaiblie. Et comme il n’y a plus d’élections à Gaza, il n’y a plus de solution politique possible, donc l’option militaire est devenue la seule issue possible. Mener une opération militaire est la façon de prendre le contrôle interne du Hamas. Israël n’attendait pas cette offensive donc l’effet de surprise stratégique est atteint. Mais le pays résiste mieux que prévu, notamment grâce à son système "Dôme de fer" qui intercepte et détruit les roquettes. Si le pays est paralysé et si cette opération coûte cher, il y a très peu de dégâts matériels et humains. Ce que montre cette offensive, c’est que le Hamas n’est pas en mesure de déstabiliser Israël. 

Contrairement à Al-Qaïda ou à Daesh, le Hamas bénéficie d’une image neutre, voire assez positive dans l’opinion internationale.

Ce qui reste au Hamas, c’est la guerre des images. Il peut espérer une bavure d’Israël, avec une attaque contre une école ou un hôpital qui produirait des images de désolation capable d’émouvoir l’opinion mondiale et de fragiliser l’aura d’Israël. C’est que contrairement à Al-Qaïda ou à Daesh, le Hamas bénéficie d’une image neutre, voire assez positive dans l’opinion internationale, bien que cette institution soit classée comme terroriste par l’Union européenne.   

Face au Hamas, Israël mène une stratégie souterraine de destruction de ses infrastructures : caches, galeries, réserves d’armes. Cela nécessite des opérations techniques très sophistiquées et donc un haut niveau de maîtrise technique de la part de Tsahal.   

Cette attaque remet également en jeu Benjamin Netanyahou qui devrait rester au pouvoir alors qu’il était donné perdant il y a encore quelques semaines. Il y aura d’autres élections qu’il va probablement gagner alors qu’il avait perdu les précédentes. Pour lui, c’est une "heureuse aubaine" et un moyen de prolonger sa carrière politique. Mais le plus grave pour l’avenir, et le plus inquiétant, est la nouveauté apparue dans certaines villes israéliennes, notamment à Lod, ville peuplée de juifs et d’Arabes israéliens. Celle-ci a vu l’apparition de bandes attaquant les Arabes dans les zones mixtes afin de leur faire peur et de les faire partir. Cette nouveauté témoigne d’une polarisation d’une partie de la société israélienne et d’une cohabitation de plus en plus difficile. 

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