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La Terre sainte, lieu universel marqué par la violence des hommes

Photo prise depuis Yad Mordecahi, au sud d'Israël, au loin, la bande de Gaza.

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Christian Venard - published on 17/05/21
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Le conflit israélo-palestinien est le conflit le plus observé du monde, celui que tout le monde veut résoudre. C’est pourtant celui qui semble, à vues humaines, ne jamais pouvoir trouver une solution pacifique.

Depuis plusieurs jours maintenant, la violence se déchaîne, une fois de plus au Moyen Orient, entre Israël et les territoires palestiniens, entre le gouvernement israélien et le Hamas. Comme à chaque fois, selon les lignes de fracture bien connues, la communauté internationale, tout en appelant à la paix, soutient l’un ou l’autre des belligérants. Si la possibilité pour les Juifs de trouver une terre, après les horreurs de la Shoah, et de trouver cette terre promise, ne saurait être contestée, il est difficile de ne pas comprendre aussi la volonté d’y survivre du peuple palestinien qui y réside depuis des siècles. Les bonnes volontés cherchent depuis des générations une issue pacifique au conflit israélo-palestinien. Nombreuses, impressionnantes parfois, ont été les tentatives de réconciliations. Force est de constater qu’aujourd’hui débute peut-être une énième intifada, vouée vraisemblablement comme les autres à l’échec. 

C’est d’ailleurs une question qui taraude l’esprit de nombre de ceux que je connais, qui vivent, parfois depuis de nombreuses années, en Terre sainte. Inéluctable semble être la volonté de chaque nouvelle génération palestinienne, de se lancer dans une guerre de libération. Pourtant, la génération précédente ne manque pas, selon mes correspondants, d’essayer d’enseigner la sagesse, après l’échec de sa propre intifada, à la génération suivante. Et, malgré tout, la jeunesse palestinienne se lance à nouveau à l’attaque, avec à chaque fois, un degré supplémentaire de violence, comme nous pouvons le constater, dépêches après dépêches ces jours-ci, appelant en contrepartie un déchaînement de force de la part de Tsahal.

Une explication, sans doute, se trouve dans les conditions de vie dégradée, du peuple palestinien en général en Israël et plus particulièrement dans la bande de Gaza. Que l’on songe à l’entassement de près de deux millions et demi de Palestiniens, sur un territoire de 360 km2 (pour se représenter la chose, c’est la moitié du Territoire de Belfort qui compte… 140.000 habitants !), avec l’électricité ou l’eau courante quelques heures par jour seulement, le taux de pauvreté (selon une étude de l’ONU) y est de 59%, une population extrêmement jeune dont le taux de chômage est à près de 70%... et aucun espoir d’amélioration de la situation à vue humaine.

C’est le conflit éternel du frère avec qui l’on ne veut pas partager et vivre, que l’on jalouse. C’est Caïn et Abel, chaque jour renouvelé.

Mon dernier passage en Terre sainte a eu la chance de pouvoir durer trois semaines, où quasiment chaque jour, j’ai essayé de prendre un vrai temps de méditation au Saint-Sépulcre, toujours au pied du Golgotha dans la sombre chapelle d’Adam, au pied de la Croix du Sauveur… Surgit encore en mon âme confiné dans cette chapelle sans ouverture, le sentiment prégnant d’une Terre, une vraie terre charnelle, marquée tout au long des siècles par la violence des hommes. Une terre où le sang d’un Dieu fait Homme s’est écoulé, où ce Dieu a été flagellé, moqué, giflé, crucifié. Là même où Il s’écria : « Père pourquoi m’as-Tu abandonné ? » Une terre, comme un résumé de toute la violence, de toutes les horreurs que les hommes sont capables d’infliger à leurs propres frères, y compris à un Dieu d’amour. Paroxysme et symbole de l’humanité entière, comme enchâssés en mètres carrés.

Nous sommes face au conflit le plus documenté au monde. Pas une parcelle de ce conflit n’échappe quasiment à la possibilité d’être observée, étudiée, soupesée, et pourtant aucune solution ne semble pouvoir, vouloir, être trouvée. C’est le conflit éternel du frère avec qui l’on ne veut pas partager et vivre, que l’on jalouse. C’est Caïn et Abel, chaque jour renouvelé. Comment enrayer ces cycles de violences, dont les occurrences semblent vouloir constituer comme l’illustration quasi parfaite des théories sur la violence de René Girard ? Si la théorie mimétique, source de conflit, apparaît bien comme originelle dans l’affrontement israélo-palestinien, ne serait-ce pas de ce côté-là qu’il conviendrait de chercher une solution ?

Transformer cette Terre disloquée, martyrisée, broyée, en une terre symbole de la Fraternité retrouvée. Qu’un jour, si Dieu veut, Palestiniens et Israélien reçoivent cette grâce de se regarder comme fils d’un même Père, comme frères. Utopie ? A minima pour nous, source de prières et de supplications. 

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