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Il paraîtrait que la virilité coûte cher aux Français. Comprenez : les conséquences économiques et sociales des comportements masculins pèsent lourd sur les finances publiques. L’historienne Lucie Peytavin a compilé les chiffres de la délinquance, et constaté que plus de 90% des délinquants, des criminels, de la population carcérale, est masculine (Le Coût de la virilité, Anne Carrière, 2021). Elle inventorie les auteurs des viols, vols de voiture, incendies volontaires ou dégradations en tout genre : une écrasante majorité d’hommes. L’accusée principale serait l’éducation à la virilité : le mot même vient du nom latin désignant la force, la puissance, le courage. Ces attributs engendreraient les formes condamnables de la domination masculine. Conclusion : la France économiserait 95 milliards d’euros si les hommes se comportaient comme des femmes…
Méfions-nous des critiques unilatérales, notamment celles qui actuellement prennent pour cible exclusive la masculinité : elles auront leur retour de balancier. On peut déjà s’étonner qu’une étude concurrente ne vienne pas incriminer les femmes quant aux conséquences de leurs comportements. Quid des effets de la contraception sur l’environnement, quid de son coût pour la Sécurité sociale, quid des effets écologiques des cosmétiques : tout ceci n’est-il pas également chiffrable ? Curieusement, on entend moins ceux qui s’expriment sur la question. Mais cela nous apprend au moins qu’on n’aura rien à gagner à dresser un camp contre un autre. Méfions-nous de l’effet boomerang.
N’incriminons pas non plus la virilité. Osons plutôt dire que nous souffrons au contraire du manque d’éducation à la virilité. La violence n’est absolument pas une expression de la virilité, elle en est un dévoiement : celui qui frappe est précisément celui qui a perdu le contrôle de la situation, il détruit ce qu’il ne parvient pas à comprendre ou à maîtriser. Être viril consiste au contraire à être conscient de sa force, ce dont la brute n’est pas capable. Être viril consiste d’autre part à être capable de se canaliser et de se mettre physiquement au service d’un objectif qui demande du courage et du dépassement : voilà la véritable puissance. Or cette prise de conscience s’éduque : on ne fait pas des hommes en leur demandant d’être des femmes, on ne fait pas des femmes en leur assignant un idéal masculin que l’on passe par ailleurs son temps à critiquer ! On fait des hommes dignes de ce nom en leur apprenant à être les adultes sur qui les femmes pourront compter, on fait des femmes fières de l’être en leur ouvrant également les yeux sur la valeur de ceux qui pour elles seront capables de déplacer des montagnes.