Situation des chrétiens, état d’esprit des musulmans, attitude et décisions des autorités politiques, nombreux sont les aspects de la société irakienne a avoir été marqués en profondeur par la visite et les prises de parole du pape François lors de son voyage en Irak début mars 2020.
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Tous les observateurs s’accordent à le dire, le voyage du pape François en Irak a été couronné de succès. Tant sur le plan du dialogue interreligieux que de l’encouragement dispensé aux minorités catholiques du pays, le pontife argentin a su trouver les paroles et l’attitude justes capable de contribuer à un changement dans le pays. S’il est encore trop tôt pour savoir si cette visite a été déterminante pour la reconstruction du pays, il est d’ores et déjà possible d’observer quelques fruits de ce voyage apostolique historique.
Certains sont même apparus en amont de la visite. Afin de donner quelques gages de bonnes volonté dans la perspective de l’arrivée du pontife, les parlementaires irakiens, bien qu’issus de toutes les cultures et ethnies qui composent le pays, se sont accordés pour voter le 17 décembre dernier un projet de loi faisant de Noël une fête nationale. Dans un but similaire, une autre loi déterminante et fondamentale pour le Saint-Siège a été votée pour accorder aux femmes chrétiennes ayant été enlevées par Daesh, un statut spécial leur permettant d’être accompagnées dans leur réinsertion mais aussi de bénéficier de compensations financières.
Les âmes des Irakiens “sont ouvertes”
Au cours du séjour du pape François, et quelques heures après sa rencontre avec le grand Ayatollah Al-Sistani, ainsi que le grand rassemblement interreligieux de la plaine d’Ur le 6 mars, le Premier ministre irakien, Moustafa al-Kazimi, a annoncé une autre décision clef pour la société irakienne. Marqué par le témoignage des chefs religieux et du pontife, le chef du gouvernement a décidé de faire de chaque 6 mars, une journée de tolérance et de respect mutuel. Dans la foulée, au lendemain du départ du successeur de Pierre, le premier ministre a déclaré la tenue pendant une année entière d’un grand débat national dédié à la cohésion nationale et à la réconciliation. Plus anecdotique mais néanmoins symbolique, la poste irakienne a réalisé dans les jours qui ont suivi plusieurs timbres immortalisant la visite historique du souverain pontife dans le pays.
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Autre geste significatif, celui du leader de la majorité au parlement, Moqtada al-Sadr. Ce nationaliste chiite, ne s’est pas contenté quelques jours avant l’arrivée du Pape de réaffirmer que celui-ci “était le bienvenu en tant qu’homme épris de paix” et que “les âmes [des Irakiens] sont ouvertes avant leurs corps”. Le leader chiite avait aussi joué un rôle capital pour créer une commission quelques mois plus tôt afin de rendre aux chrétiens les biens immobiliers dont il ont été spoliés pendant la guerre civile.
Un nouvel élan pour travailler en Irak avec plus d’ardeur et d’énergie.
Il faut également mentionner “le nouveau souffle” et “l’extraordinaire énergie” suscités au sein des organisations humanitaires basées en Irak, comme en témoigne Faraj-Benoît Camurat, directeur de Fraternité en Irak, interrogé par Aleteia. Si ces dernières années, les épreuves ont pu parfois “lasser” les hommes de bonne volonté sur place, la présence et les paroles du pontife à leur endroit ont donné “un nouvel élan pour travailler en Irak avec plus d’ardeur et d’énergie”, assure-t-il.
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Par ailleurs, en réponse à l’appel du pape François à dialoguer, le Premier ministre irakien au lendemain de la visite apostolique a invité formellement le grand imam sunnite de l’université d’Al-Azar, le grand imam Ahmed el-Tayeb. C’est avec cet homme influent que le pape François a co-signé le document sur la fraternité à Abou Dabi deux ans plus tôt ainsi que sa dernière encyclique Fratelli tutti dans laquelle le volet interreligieux occupe une place très importante.
https://twitter.com/7ayder87/status/1369173847631683584
Et comme une image vaut mille mots, celle de deux imams sunnite et chiites – fermement opposés idéologiquement – échangeant à l’archevêché catholique de Bassorah sous un portrait du pape François en marge du voyage apostolique, donne un aperçu de l’attitude de dialogue que semblent désormais adopter les autorités religieuses du pays.