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La conversion inattendue du scénariste de “Basic Instinct”

JOE ESZTERHAS
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Ary Waldir Ramos Díaz - publié le 15/03/21
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Joe Eszterhas, le célèbre scénariste hollywoodien, auteur du scénario du film “Basic Instinct“, témoigne de sa lutte contre les addictions et de sa bouleversante conversion spirituelle. Récit.

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Joe Eszterhas, scénariste américano-hongrois installé à Los Angeles est devenu célèbre grâce au succès du film Basic Instinct. Il est l’auteur du scénario de ce thriller érotique avec Sharon Stone en vedette qui avait fait scandale après avoir été sélectionné comme film d’ouverture du Festival de Cannes en 1992. Sa conversion spirituelle qui a eu lieu neuf ans plus tard, rappelle la scène biblique de la femme qui veut toucher le manteau de Jésus pour être guérie. Dans un témoignage écrit à l’occasion de l’initiative du pape François “24 heures pour le Signeur” qui s’est déroulée les 12 ou 13 mars derniers, Joe Eszterhas revient sur ce changement de vie radical.

L’histoire commence au printemps 2001, il est alors âgé de 56 ans. Les médecins lui diagnostiquent le cancer du larynx. Il doit se faire opérer dans la foulée. Une intervention chirurgicale délicate : 80% de son larynx est retiré et un tube est placé dans sa gorge pour qu’il puisse respirer. Lors de sa visite postopératoire, on lui annonce sans détours : “Vous devez arrêter de boire et de fumer immédiatement, sinon vous allez mourir.” “J’avais 12 ans quand j’ai commencé à fumer” – reconnaît-t-il dans son livre autobiographique – “et 14 ans quand j’ai commencé à boire. Maintenant, à 56 ans, pas un seul jour ne s’est écoulé au cours des quarante-quatre dernières années où je n’ai pas fumé ou bu d’alcool », confie-t-il.

Roi du sexe et de la violence

Joe Eszterhas est né dans une famille catholique en Hongrie à la fin de la Seconde guerre mondiale en 1944. Il est élevé dans sa prime jeunesse dans un camp de réfugiés en Autriche avant que ses parents émigrent aux États-Unis. Joe est marqué par la souffrance de sa mère qui souffre d’une maladie mentale et qui sera trop tôt vaincue par le cancer. Cette épreuve rapproche le jeune Joe de l’expérience de la foi. Adulte, il commence à travailler pour un journal de Cleveland en tant que journaliste de la police, couvrant d’innombrables fusillades et combats urbains. C’est de cette manière qu’il expérimente au quotidien le côté sombre, brutal et transgressif de sa propre ville. Pendant ce temps, il découvre également que son père, pendant la Seconde Guerre mondiale, a soutenu les nazis et organisé activement une propagande antisémite.

BASIC INSTINCT

Columbia Pictures

Dans les années 1970, le nom d’Eszterhas apparaît dans le célèbre magazine Rolling Stone. En effet, Joe y travaille plusieurs années comme éditorialiste. Il décide pourtant de ne pas suivre sa rédaction lorsque celle-ci déménage de Los Angeles pour New York, préférant rester en Californie. En 1978, il écrit son premier scénario pour le film FIST avec Sylvester Stallone, suivi en 1983 par Flashdance. Dans les années 1990, avec le succès de Basic Instinct le magazine Time présente Joe Eszterhas comme “le roi du sexe et de la violence en Amérique”. En écrivant les scénarios de seize films, le célèbre scénariste gagne des millions de dollars. Seulement, Joe, alors qu’il est au sommet de sa carrière hollywoodienne, souffre de plus en plus du manque de sens de sa propre vie.

“Dieu, s’il vous plaît, aidez-moi !”

Un mois après l’opération de 2001, en convalescence chez lui, Joe délire : “Je devenais fou. J’étais très nerveux. Je tremblais. Je criais après ma femme Naomi et nos quatre enfants. Mon cœur battait trop vite. Sans aucun appétit, je ne pouvais rien avaler”, raconte-il. “La raison d’un tel état est évidente : chaque terminaison nerveuse de mon organisme exigeait un verre d’alcool et une cigarette”, poursuit-il. Alors Joe décide de s’échapper. Un jour, il quitte la maison et décide de marcher aussi vite que possible. “J’essayais ainsi de surmonter l’envie de replonger dans mes addictions. Je tentais de combattre la panique. Au bord de l’autodestruction, je me forçais de vaincre la mort”, confie-t-il.

Les minutes passent et Joe, errant dans le quartier, finit par s’effondrer. “Je me suis assis sur le trottoir. Des larmes coulaient sur mon visage. Je les ai regardés éclabousser le sol. Mon cœur battait si fort qu’il paralysait tout en moi, sauf mes sanglots. J’avais la sensation de ne plus être un humain. Mes gémissements ressemblaient à un animal blessé…”, raconte-il. Et c’est juste à ce moment que l’inattendu se produit. Joe s’entend murmurer quelque chose. Il n’arrive pas à croire à ce qu’il vient de dire : il s’entend répéter la même supplication. Encore et encore : “S’il vous plaît, Dieu, aidez-moi !”. Normalement, n’ayant pratiquement plus de larynx, juste un tube à la place, Joe n’aurait même pas pu chuchoter cette phrase, ni encore moins la répéter. “Pourtant, je me suis clairement entendu la dire, puis la répéter encore et encore”, insiste-il.


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Joe se met à prier : “J’ai supplié Dieu de m’aider. Et je me disais : «Moi ? Demander à Dieu ? Prier ? Je n’avais pas pensé à lui depuis que j’étais enfant… Pourtant, gémissant de douleur, je ne pensais qu’à une chose : lui demander de l’aide. Et soudain mon cœur s’est calmé. Mes nerfs ont cessé de me torturer. J’ai arrêté de trembler et d’avoir des spasmes. Mes mains ont cessé de danser… Je me suis levé du trottoir. J’ai ouvert les yeux…”, confie-t-il.

Porteur de la croix

Après cette expérience de prière et de foi retrouvée, Joe commence son chemin de conversion. « J’ai pensé que je pouvais y arriver. Ce plus gros combat de ma vie sera terriblement difficile, mais avec l’aide de Dieu, je savais que je pouvais le faire à condition de me battre et de prier », confie-t-il en ajoutant : «Quelque chose m’est arrivée lors de cette journée extrêmement chaude. Pendant longtemps, je ne savais pas comment le décrire, mais maintenant je le sais. J’ai été sauvé ».

Joe décide de s’approcher de la vie paroissiale et surtout du service liturgique. Il propose d’être responsable d’une tâche très simple mais significative : être porteur de la croix. « Personne ne m’a forcé à porter la croix. Je l’ai fait comme si c’était une manière de remercier Jésus pour son aide. J’ai été honoré de le faire; c’était une joie ».


Hervé Odermatt
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