Comment ne pas aimer Jérôme de Stridon, saint radical, ennemi des moyens termes et des demi-mesures ? Rien de tiède chez ce docteur de l’Église, qu’il s’agisse de son travail, de ses relations amicales ou encore de ses opinions bien tranchées. En tout, il pratique la même exigence. Cet érudit de Dieu, moine et traducteur de la Bible, l'un des quatre Pères de l'Église avec Ambroise de Milan, Augustin d'Hippone et Grégoire Ier, après avoir demandé le baptême à 19 ans n’a plus eu qu’une idée en tête : consacrer sa vie à Dieu, aller au-delà des mots afin de rejoindre la source : le cœur de Jésus. Pour cela, il est prêt au dépouillement total, à une vie d’ascèse et de pénitence.
Avec Jésus, rechercher les déserts
Il part deux années dans le désert syrien pour expérimenter la vie d’ermite. Il mène une vie austère et passe ses journées et ses nuits à prier pour lutter contre la faim et la soif. Assis au milieu d'un paysage, l'ermite à la longue barbe blanche, torse nu et crâne dégarni, tient d'une main une croix et de l'autre une pierre avec laquelle il se frappe la poitrine. Au crépuscule, saint Jérôme médite sur la Passion du Christ racontée dans les livres ouverts devant lui. Faire pénitence ! Loin d’être un concept abstrait, cette parole résonne avec force en lui. Il ne se contente plus de lire les évangiles. Il veut les vivre. Renoncer au monde, dit-il, c’est, « avec Jésus, rechercher les déserts ». Et « ne pas vouloir être parfait, c’est pécher ».
Celui qui a inspiré de nombreux peintres dont le Caravage ou Léonard de Vinci, a établi un lien direct entre la vie chrétienne et la lecture de la parole de Dieu. « Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ », tranchait-il dans une lettre. Pour Benoît XVI, ce Père de l’Église "s’est engagé à vivre la Bible concrètement au cours de sa longue existence terrestre, malgré le célèbre caractère difficile et fougueux qu’il avait reçu de la nature".