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Et s’il existait un secret, commun à toutes les femmes, pour qu’elles rayonnent (aussi) de l’intérieur? Les travaux d’Edith Stein sur la femme et l’accomplissement de l’être fournissent de belles pistes en la matière. Selon elle, tout commence par l'attention portée à l'intériorité de son âme, « cette mine d’or », estime la philosophe Marion Lucas, que chacune porte en soi et qu'il convient de creuser pour rayonner.
Etre femme
Pour savoir comment rayonner en tant que femme, commençons par définir ce qu’est « être femme ». Pour Edith Stein, ce qui distingue particulièrement la femme est sa capacité à accueillir. Une disposition inscrite dans sa physiologie, dans son organisme, qui induit la compréhension de la personne humaine. Elle se démarque en cela de l’homme, plus attiré par le monde des objets. Tandis que le déploiement de la femme pourrait se comparer à un éventail, avec le risque qu’elle se disperse, celui de l’homme est plus unilatéral.
Des déploiements d'autant plus intéressants qu'ils permettent l’altérité : la femme est appelée à compléter, à faire grandir, le masculin, et inversement. « Par le contact avec le féminin, l’homme va s’ouvrir un peu plus largement, il va mettre son enthousiasme pour le monde des objets au service de la personne humaine. Par le contact avec le masculin, la femme va gagner en force, se concentrer sur moins de choses en même temps et ainsi moins se disperser », précise Marion Lucas. Edith Stein encourage la femme à vivre comme « un bon génie, exerçant partout une action bienfaisante ». En se mettant au service de l’épanouissement de son être personnel, elle est par-là même poussée à se mettre au service des autres. De cette manière, elle favorise leur épanouissement et les conduit à se déployer.
L’altérité est belle dans la mesure où elle permet d’étendre son être. Comment cela est-il possible, dans la mesure où la personne humaine est un être fini, marquée au sceau de la finitude? La grande perspective ouverte par Edith Stein réside dans cette intuition : l’être n’est pas limité à cette finitude. Elle définit la finitude ainsi : « être quelque chose et ne pas être tout ». Si la personne humaine n’est effectivement pas tout, (elle n’est pas Dieu !), elle n’est pas rien non plus. Elle est donc appelée à se déployer. Et un moyen de se déployer réside dans l’altérité, dans le fait de pouvoir communier avec l'autre, car l’autre possède ce que je n’ai pas, et moi-même je peux lui apporter ce qu'il ne possède pas.
Comment rayonner ?
Pour Edith Stein, le secret réside dans la descente à l’intérieur de son âme, dans ce « silence inhabituel ». Une descente qui aboutit en réalité à une élévation. « Plus la vie d’un homme est concentrée dans cette intériorité la plus profonde de son âme, plus ce rayonnement qui émane de lui et attire d’autres hommes dans son sillon est puissant », écrit-elle. Il s’agit donc de « prendre possession de son âme, de son être, de rentrer à l’intérieur de soi, non pas dans une espèce d’autosatisfaction narcissique, mais dans un mouvement de repli, de recueillement.
C’est à partir de là que l’on peut prendre les justes et les bonnes décisions, en faveur de la vie. Ce n’est qu’à partir de là que je suis en mesure de me donner, dans la dynamique du don de soi », précise Marion Lucas. Paradoxalement, « plus je suis recueillie dans le tréfonds de mon âme, plus je rayonne. Le rayonnement de la vocation de la femme part de l’épicentre de son être, du noyau de son être qu’est son âme. » Sinon, le risque est de se contenter de briller, au lieu d'attirer, et d’être le « trouble-fête importun » que dénonce Edith Stein.
Consentir à être soi-même
L’enjeu est de ne jamais oublier qu’il s’agit « d’être soi-même, rien que soi-même, que soi-même, mais vraiment soi-même », souligne Marion Lucas. « Ne pas chercher à copier, à calquer, à dupliquer quelqu’un d’autre… mais demeurer marquée du sceau de la singularité, de la personnalité. C’est ce que le monde attend de nous. » Faire en sorte de diminuer l’écart entre ce que l’on est au fond de soi et ce que l’on manifeste extérieurement.
Le secret du bonheur, pour la femme, est finalement de trouver le chemin qui mène d’Eve à Marie, comme l’évoque Edith Stein. Tandis qu’Ève s’est saisie du fruit de l’arbre de la connaissance, la Vierge Marie, elle, reçoit le fruit, à travers le « fiat » qui a permis l’entrée du salut dans le monde. Les petits « fiat » de la vie quotidienne consistent à acquiescer à sa propre vie, consentir à la tête que nous avons, au mari que nous avons choisi, aux enfants qui nous sont confiés, au métier que nous avons, aux personnes qui peuplent notre existence… Pour cela, l’enracinement dans l’âme est nécessaire. « Notre vie quotidienne doit être nourrie de ce contact avec l’âme, car au fond de l'âme, Dieu a fait sa demeure », conclut Marion Lucas.