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Quel est le vrai sens de la charité ? Celle où l’on ne cherche pas son intérêt, où l’on ne s’emporte pas, où la rancune n’a pas sa place, celle qui repose dans ce qui est vrai ? S’il faut chercher le meilleur coach en la matière, saint Vincent de Paul (1581-1660) s’impose. Aujourd’hui, on aime souligner combien il était engagé dans la mise en œuvre d’une action sociale si nécessaire en France du début du XVIIe siècle. Mais c'est oublier que sa charité est un "fruit direct de sa sainteté. Et cette sainteté ne lui vient pas sans effort", souligne Christiane Rancé dans son Dictionnaire amoureux des saints.
La vocation de saint Vincent de Paul s’opère bien après la prêtrise qu’il avait embrassée sur la volonté de son père. C’est grâce à la Société de l’Oratoire, mouvement de formation spirituelle, que saint Vincent de Paul découvre sa propre vocation en s’appuyant sur ces quatre vertus : humilité, simplicité, douceur et zèle. Infatigable curé à Clichy, il se donne entièrement à la population pauvre. Il visite les familles, invite à participer à la messe, ramasse les mourants dans la rue en suivant sa vision de la charité : "À l’écoute des pauvres, retrouver le Christ ; à l’exemple du Christ, apprendre Dieu aux pauvres."
Soigner un malade, c'est faire oraison
Ne supportant pas la langue de bois, Monsieur Vincent n’a pas peur du scandale. Un jour, il ose envoyer des religieuses sur les routes, alors que quitter la clôture est strictement interdit. Mais il sait convaincre les plus réticentes : "Quand vous quitterez l’oraison pour soigner un malade, vous quitterez Dieu pour Dieu : soigner un malade, c’est faire oraison" explique-t-il en ajoutant : "Aimons Dieu, mes frères, aimons Dieu, mais que ce soit aux dépens de nos bras, que ce soit à la sueur de nos visages."
Faire des choses au-dessus de nos forces
Toutes ses grandes réalisations découlent de là. D’abord son combat contre la misère spirituelle, pour lequel il recrute des prêtres et les forme à cette mission en fondant la Congrégation de la Mission (1625). Celle qui s'établit au prieuré Saint-Lazare dès 1632, d’où le nom des Lazaristes. Ensuite son combat pour secourir la misère des corps en fondant les Filles de la Charité (1633), avec Louise de Marillac, premier ordre féminin sans clôture. À quoi s’ajoutera l’œuvre des enfants trouvés à partir de 1638. Voilà l’œuvre charitable d'un l’homme infatigable qui disait presque sur le ton d'excuse : "Dieu nous place dans la nécessité de faire des choses au-dessus de nos forces".