« Croire » ou « ne pas croire » sont-ils les deux termes d’une alternative logique ? Même l’athéisme est une forme de croyance.La liberté de croire ou de ne pas croire est souvent invoquée comme un mantra par notre classe politique. Ainsi Anne Hidalgo, Emmanuel Macron, Marlène Schiappa n’ont pas manqué de s’y référer, rappelant fermement que cette liberté doit être considérée comme une implication de la liberté de conscience.
N’allez pas croire que ce droit soit inscrit dans la loi de 1905 (contrairement à l’article sur la liberté de conscience), ni même dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. En réalité vous le trouverez mentionné dans un rappel à la loi datant de 2013, destiné à rappeler les règles d’observation de la laïcité à l’école.
Une ineptie
Or cette condescendante division du monde entre « ceux qui croient » et « ceux qui ne croient pas » est une ineptie. Le monde n’est pas traversé par une ligne de démarcation séparant les croyants des incroyants : bons croyants contre méchants mécréants, ou violents inquisiteurs contre pacifiques et raisonnables incroyants, c’est selon…
Y aurait-il d’un côté ceux qui adhèrent à une religion ou une autre, et de l’autre ceux qui professent leur athéisme ? Mais justement, c’est oublier que l’athéisme est une forme de croyance, tout autant que le matérialisme.
Tout d’abord sachons reconnaître que cette ligne traverse le cœur de chacun : chaque être humain est pétri de croyance, c’est-à-dire de convictions fondées sur la confiance. Je ne parle pas des croyances irrationnelles dont chacun essaie de se départir, des croyances plus ou moins farfelues : astrologie, ovnis ou monstre du Loch Ness, dont la rationalité peine à être démontrée. Mais regardons plutôt tout ce que nous admettons pour vrai, sur la foi des témoignages ou des signes : par exemple, les événements relatés de notre enfance, ou l’amour que nous porte nos proches. Nous y croyons au point que nous affirmons le savoir.
La contradiction de l’athéisme
Par ailleurs, cette division du monde ne peut non plus prétendre à une application religieuse. Y aurait-il d’un côté ceux qui adhèrent à une religion ou une autre, et de l’autre ceux qui professent leur athéisme ? Mais justement, c’est oublier que l’athéisme est une forme de croyance, tout autant que le matérialisme. Le philosophe Henri Bergson a démontré dans Matière et mémoire (1896) la contradiction du matérialisme, exigeant le miracle permanent d’un organe matériel produisant le jaillissement infini de la pensée.
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Rappelons également les magistrales descriptions offertes par Émile Zola dans les derniers chapitres du Bonheur des Dames, dépeignant cette nouvelle religion que devenait le consumérisme : la foule immense parisienne s’empressant sous les voûtes des Grands Magasins, désertant progressivement les églises pour vouer un culte à la Beauté, nouvel Au-delà de ses désirs inassouvis. Ainsi, athéisme et matérialisme sont des formes de croyances, dont la rationalité reste à démontrer.
Le désir d’éternité
Alors n’oublions pas que notre véritable liberté de conscience implique en réalité de pouvoir, à tout âge de la vie et quelle que soit sa condition, tourner son cœur, sa volonté et son intelligence vers la Vérité, à ne pas être empêché de reconnaître que cette Vérité a un nom, et à ne jamais voir entravé le désir d’éternité gravé dans le cœur de chacun.
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