Appelée par Jean Paul II "la plus grande sainte des temps modernes", c'est Thérèse de l’Enfant-Jésus (1873-1897) qui a eu cette intuition éblouissante de la "petite voie" : un chemin spirituel des petites choses qui mènent vers la sainteté. Elle s’engage définitivement par les vœux de la profession perpétuelle le 8 septembre 1890 au carmel de Lisieux. "Quelle belle fête que la Nativité de Marie pour devenir l’épouse de Jésus !", écrit-elle plus tard. En rentrant au carmel, elle désire prouver son amour au Christ qui l’appelle à donner sa vie pour le monde : "Ma vocation, c’est l’Amour".
L'ultime prière à Marie
Mais, six ans plus tard, en 1896, la toux qui l'accable depuis quelques mois s’aggrave brusquement. Le diagnostic tombe : Thérèse souffre de la tuberculose. Très malade, elle sombre alors dans une nuit intérieure, une véritable épreuve de la foi. Puis, petit à petit, elle retrouve la lumière. Le 8 septembre 1897, trois semaines avant sa mort, le jour de la fête de la Nativité de Marie, elle écrit d’une main tremblante cette ultime prière adressée à Marie : "Ô Marie, si j'étais Reine du Ciel et que vous soyez Thérèse, je voudrais être Thérèse afin que vous soyez Reine du Ciel !"... Ces mots qui deviendront sa dernière prière semblent être la continuation de cette méditation écrite quelque mois avant son entrée au carmel :
Ne crains pas d’aimer trop la Sainte Vierge, jamais tu ne l’aimeras assez et Jésus sera bien content puisque la Sainte Vierge est sa Mère. À propos de la Sainte Vierge, il faut que je te confie une de mes simplicités avec elle ; parfois je me surprends à lui dire : Mais ma bonne Sainte Vierge, je trouve que je suis plus heureuse que vous, car je vous ai pour Mère et vous, vous n’avez pas de Sainte Vierge à aimer… Il est vrai que vous êtes la Mère de Jésus, mais ce Jésus, vous nous l’avez donné tout entier… Et lui, sur la croix, il vous a donné à nous pour Mère. Ainsi nous sommes plus riches que vous puisque nous possédons Jésus et que vous êtes à nous aussi. Autrefois, dans votre humilité, vous souhaitiez d’être un jour la petite servante de l’heureuse Vierge qui aurait l’honneur d’être la Mère de Dieu, et voilà que moi, pauvre petite créature, je suis, non pas votre servante, mais votre enfant ; vous êtes la Mère de Jésus, et vous êtes ma Mère ! […] J’ai beau m’efforcer de méditer les mystères du rosaire, je n’arrive pas à fixer mon esprit. Longtemps, je me suis désolée de ce manque de dévotion qui m’étonnait, car j’aime tant la Sainte Vierge qu’il devrait m’être facile de faire en son honneur des prières qui lui sont agréables. Maintenant, je me désole moins, je pense que la Reine des cieux, étant ma Mère, elle doit voir ma bonne volonté et qu’elle s’en contente… Quelquefois, lorsque mon esprit est dans une si grande sécheresse qu’il m’est impossible d’en tirer une pensée pour m’unir au bon Dieu, je récite très lentement un Notre Père et puis la Salutation angélique. (Lettre 30.05.1899)