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Bassiste vedette du groupe de heavy metal américain Megadeth, David Ellefson est également un chrétien qui assume sa foi en toute transparence. Il fait partie de l'église protestante luthérienne et a sorti en 2020 More life with deth, son autobiographie. Il s'est confié à Aleteia sur son itinéraire peu commun.
Aleteia : croyant dès votre plus âge, vous avez eu une sorte de deuxième conversion. Pourriez-vous nous raconter cela ?
David Ellefson : Enfant, j’avais une réelle connexion spirituelle. D’ailleurs, je me souviens en avoir parlé avec ma mère un soir, alors qu’elle me ramenait depuis le collège. Je lui ai dit : "Je me sens en paix. Je n’ai pas d’ennemis. J’ai l’impression que j’arrive à m’entendre avec tout le monde". C’était directement lié à ma fidélité spirituelle, aux cours de catéchisme que je suivais, au fait que je priais Dieu et que j’allais à l’église. J’avais déjà compris l’impact d’une attitude positive envers les autres, mais tout a changé le jour où j'ai pris un verre d'alcool à l'âge de 15 ans. Pendant les dix années suivantes, j’ai consommé de la drogue et de l’alcool. À la fin des années 1990, je me suis réorienté. Il y avait quelque chose qui me tirait vers l'Église. Cela a vraiment commencé en 1999 lorsque nous étions à Nashville pour enregistrer un album. À l'hôtel, j'ai commandé un massage. La masseuse est arrivée, et tout de suite, en se présentant, m’a demandé si j'étais chrétien. Plus tard, l’un de mes amis d’enfance a commencé à me poser des questions sur ma foi et ma fréquentation de l'Église. J’ai pensé : "C'est vraiment étrange que l’on me pose autant de questions sur ma foi en ce moment". Le lendemain au studio, je suis allé parler à l'ingénieur son. Il était chrétien aussi. Et là, je me suis dit : "OK, une fois, c'est bizarre. Deux fois, c'est peut-être coïncidence. Mais trois fois d'affilée, c'est un signe. Ce doit être Dieu". J'ai donc pris mon téléphone pour appeler ma femme qui m'a dit : "Je viens de parler au responsable du culte. Il m’a demandé si tu pouvais venir jouer de la basse avec lui". Alors j'ai prié : "Très bien, Dieu, j'ai compris ce que tu cherches à faire !".
]Avec la foi chrétienne, c'est un jour à la fois. Si nous voulons adorer le Seigneur, c'est un pas après l'autre.
Vous soulignez des addictions à la drogue et à l'alcool. Comment vous en êtes-vous délivré ?
Je suis devenu sobre en 1990, grâce notamment à un programme basé sur la formule des "12 Steps" [un programme en douze étapes utilisé pour se délivrer de différentes toxicomanie, ndlr]. Et cela m'a vraiment changé. La drogue m'avait rendu vraiment malade. Le plus dur, c'est de la lâcher vraiment. Elle est devenue comme un vieil ami. Une vieille amie que tu détestes. Mais c'est toujours une vieille amie. Un jour, je suis allé au culte avec mon père et quelque chose de spécial est arrivé : j'ai ressenti un déclic en moi. Deux mois plus tard, j'ai enfin passé ma première journée sobre. Et l'obsession a disparu. Mais comme avec toute chose, il s'agit d'avancer un jour après l'autre. Comme Jésus a dit, dans Luc 9, 23 : "Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive". C'est "chaque" jour. Et même avec la foi chrétienne, c'est un jour à la fois. Si nous voulons adorer le Seigneur, c'est un pas après l'autre.
Comment votre famille vous soutient-elle ?
Le jour de mon mariage avec ma femme Julie, j’ai prié parce que je savais que si je cherchais à tout gérer seul, ce serait un échec. J’avais besoin de remettre notre couple entre les mains de Dieu. Et puis je suis devenu papa. Tout ce que les autres parents nous disent est vrai : les enfants, cela change tout, particulièrement tes priorités. Pour moi, être père a nécessité une réorganisation complète de mes priorités. Cela comprend ma foi, l’argent, les décisions professionnelles et tout le reste. Encore aujourd’hui, toutes les décisions que je prends me poussent à me demander : "Comment est-ce que cela va affecter ma famille ?". Une fois que je rentre d’une tournée, je m’accorde généralement une journée pour me consacrer à ma famille. Devenir parent a été une bénédiction extraordinaire. Cela m’oblige à laisser mon ego à la porte et à accorder la priorité aux besoins des autres.
C'est quoi un chrétien ? Quelqu'un qui chemine à la suite de Jésus-Christ.
Être un "metalleux", comment est-ce compatible avec votre démarche spirituelle ?
Quand j'ai commencé à vraiment approfondir mon cheminement de foi, j'ai lancé avec ma famille les célébrations MegaLife. Je dirigeais la louange et ma femme et mes enfants étaient impliqués dans l'accueil et l'hospitalité. C'était beaucoup de travail, mais aussi un énorme plaisir : nous faisions cela avec beaucoup d’amour. Cependant, le milieu chrétien dans l'ensemble n’a pas apprécié car je jouais toujours dans Megadeth. Ces gens-là me disaient : "Comment peux-tu chanter ces chansons et servir l’Église ?". Pourtant, avec Megadeth, nos textes ne faisaient que relater des réflexions humaines. Les albums comme Peace Sells... But Who’S Buying ? sont des incitations à rester libres, rien de plus. Parce que c'est quoi un chrétien ? Quelqu'un qui chemine à la suite de Jésus-Christ.
Comment vivez-vous votre foi quotidiennement ?
J'ai un livre de méditations luthériennes que je lis tous les jours. Je lis la Bible aussi, bien sûr. Je trouve que, même si c'est bien d'entendre de belles paroles, de regarder des vidéos et d'écouter des enseignements, il me faut lire la Bible personnellement. Parce que c'est la Parole inspirée de Dieu. J'aime quand les autres m'en parlent, mais son impact est plus profond quand je l'ouvre moi-même. Chaque jour, je commence ma journée en la lisant. Ensuite, avant de me coucher, je fais la même chose. Je fais une prière du soir et je fais l'inventaire de ma journée. J'aime aussi beaucoup prier avec les gens, même ceux qui ne sont pas croyants, ou peut-être qui ne savent pas prier. Avant un repas, personne ne peut s’opposer à une prière, alors je propose toujours de le faire. J'ai compris que prier était un moyen de toucher les gens spirituellement. Dans mon job, comme pour le reste, je demande : "Seigneur, conduis-moi là où tu as besoin de moi".