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« Faire le carême » : et puis quoi encore ?

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Pierre Vivarès - publié le 19/02/21 - mis à jour le 14/02/24
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En carême, l’enjeu n’est pas de « faire » ou de « ne pas faire », mais de retrouver davantage de liberté intérieure.

Et puis quoi encore ? Vous voudriez que l’on fasse le carême, que l’on se prive, que l’on renonce ? En ce mois de février, peut-être ressentons-nous que les événements du monde sont déjà suffisamment pesants pour qu’en plus on ne s'ajoute pas des contraintes, des renoncements ou des sacrifices. 

Garder la main

Il est question ici de liberté. Ne sommes-nous que les jouets du monde qui s’agite — ou pas — autour de nous ou bien sommes-nous encore capables de garder ou reprendre la main ? Avons-nous décrété un niveau de confort ou de bien-être minimal en-deçà duquel on ne peut pas descendre ? Considérons-nous que supporter ce que l’on subit suffit à manifester notre désir de sainteté ? Regardons le martyr. Il est dépossédé de tout, parfois lors d’un procès inique. Il est accusé parce qu’il croit ou parce qu’il est juste fidèle aux principes de sa foi avec sa seule conscience. On lui propose parfois d’abjurer, de renoncer ou de trahir, ce qui lui assurerait la vie et le confort. Il est souvent condamné à une mort douloureuse, seul contre tous. Et pourtant il garde encore sa liberté intérieure, sa capacité à être fidèle en paroles et en actes malgré tous les événements qui se déchaînent autour de lui. Il garde la main comme le Christ tout au long de sa Passion garde la main : « Ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne » (Jn 10, 18). Jusqu’au bout de sa Passion, le Christ manifeste une souveraine liberté qui n’est pas qu’une pauvre liberté de mouvement mais la seule vraie liberté qui est d’obéir au Père. 

Le carême ce n’est pas juste suivre quelques étapes marquées par des cendres et du poisson, un chocolat en moins et un chèque à des œuvres.

Nous sommes loin du martyre, loin d’être aliénés entre les mains d’un pouvoir tyrannique qui veut nous éliminer, loin de la Passion du Christ et nous renoncerions en raison de la difficulté des temps à poser des actes libres de conversion ? 

Un exercice de libération

Entrer dans le carême n’est pas juste suivre un mouvement ecclésial de conversion avec quelques étapes marquées par des cendres et du poisson, un chocolat en moins et un chèque à des œuvres. Il s’agit de retrouver la liberté intérieure d’un martyr ou du Christ lesquels, malgré l’oppression des événements, régissent leurs vies en maîtres. Nulle chose matérielle ou intellectuelle, nulle pression sociale ou mode d’un moment ne les font dévier d’une fidélité à la parole du Père. Nulle tentation drapée de belle promesse ou même de la parole de Dieu ne les égare vers de faux chemins de vie. Le temps du carême n’est pas seulement un temps du faire, c’est le temps de la liberté intérieure retrouvée qui conduit à une libération intégrale de notre corps, de notre esprit et de notre âme de même qu’il y a une écologie intégrale qui touche à la création tout entière, l’homme étant au sommet. 

En ce début du carême, le premier constat est de savoir de qui, de quoi, comment notre liberté est diminuée, non par des circonstances extérieures mais par la routine des jours, la lâcheté de nos actes, les influences du monde et ensuite de savoir demander à Dieu sa grâce pour nous libérer. « C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés » (Gal 5, 1). Le Christ a fait tout le travail, il nous demande juste d’œuvrer avec lui à cette libération acquise au prix de son sang.

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