Alors que la question du genre s’impose de plus en plus dans les débats de société, sa compréhension et ses contours demeurent, pour beaucoup, particulièrement flous.
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Entre les récents décrets de Joe Biden sur les personnes transgenres et le prochain recensement de la population britannique qui posera la question de l’identité de genre pour la première fois cette année, la question du genre s’impose dans nos sociétés sans quasiment de possibilité de la contester. Un assaut qui s’est fait frontal dans les premières années et diffus par la suite. Mais constant. En France, c’est un numéro de l’émission “Zone interdite” diffusée le 10 janvier tentant d’appréhender cette ‘révolution’ de l’identité qui a remis le genre au goût du débat ainsi que ce chiffre tiré d’un sondage Ifop pour Marianne : 22% des 18-30 ans disent ne pas se reconnaître dans les deux catégories de genre homme ou femme.
22% des français entre 18 et 30 ans ne se sentent ni homme ni femme. Ils se disent neutres, genderfluid, a-genres, ou non-binaires. Alors tendance éphémère ou mutation profonde de notre société ?
"Ni fille, ni garçon : enquête sur un nouveau genre"
📺 Dimanche à 21h05 sur M6 pic.twitter.com/jeiejqpgZ7— Zone Interdite (@ZoneInterdite) January 7, 2021
C’est pourtant une distinction que l’on pensait fondamentale, inébranlable. Naître fille et devenir une femme ou naître garçon et devenir un homme, voilà les deux seules possibilités qui s’offraient à l’être humain à sa naissance. Mais aux États-Unis, au début des années 1970, prenant le contre-pied de ce qui apparaissait jusqu’alors l’ordre naturel des choses, la gender thory (théorie du genre) se développe, rapidement reprise et traduite dans d’autres pays dont la France. “La théorie du genre est le contre-pied absolu d’une théorie considérée par ceux qui en sont à l’origine comme latente dans la vie des sociétés antérieures selon laquelle le corps détermine l’identité sexuée et la sexualité”, explique à Aleteia le pédopsychiatre et psychanalyste Christian Flavigny, auteur de La querelle du genre. “Cette théorie faisait du corps le destin obligé : on naît garçon pour devenir père et on naît fille pour devenir mère. Les homosexuels, qui subissaient à cette époque de violentes discriminations aux États-Unis, se sentaient à raison exclus de cette vision qui revenait à faire de leur orientation sexuelle une déviance”.
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Les tenants de la théorie du genre ont donc décidé de renverser la table en partant du principe que ce n’est pas le corps mais le ressenti qui définit l’identité. “Ils sont partis du principe qu’assigner un sexe à l’enfant en s’appuyant sur le corps était arbitraire. Et ont donc réclamé la liberté de s’en émanciper au regard d’une norme sociale jugée oppressive”, reprend le pédopsychiatre. Au fil du temps, le terme de genre est venu valider, à tort, cet ‘abus’ de la société “et la violence faite à un individu ressentant une réalité différente de celle imposée par son corps”.
Nous sommes aujourd’hui englués dans une théorie très militante et réductrice.
Parce que les sociétés occidentales défendent – à juste titre – la liberté d’être soi et se veulent garantes de l’accueil de chacun dans sa diversité et sa différence, dont sexuelle, “la théorie du genre est devenue le totem, l’étendard de minorités”, reprend Christian Flavigny. “Et la remettre en cause, ne pas vouloir en faire la nouvelle norme revient à renvoyer l’image de quelqu’un qui s’oppose à cet accueil de la différence”.
Pour lui, cette théorie est d’autant plus redoutable “qu’elle passe à côté de la sexualisation et qu’elle disqualifie tout ce qui existait jusque-là, dont un cadre fondamental et un accompagnement nécessaire des enfants qui se posent des questions”. “Au lieu d’essayer de comprendre et d’accompagner ces enfants qui se sentent de l’autre sexe, on leur présente ce qu’on appelle la transition – que l’on effectue avec la chirurgie et des hormones – comme la réponse ultime”, regrette-t-il. “On finira par payer le fait que ce sont des leurres”.
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“Nous sommes aujourd’hui englués dans cette théorie très militante et réductrice”, assure encore Christian Flavigny. “On peut comprendre ce discours chez celles et ceux qui sont dans la souffrance et qui ne cherchent pas d’explication mais dans la bouche de professionnels c’est tout simplement scandaleux : il y a toujours eu, de tout temps, des enfants qui ne se sentaient pas en accord avec leur corps. Mais devenir garçon ou fille est un processus affectif complexe. L’accompagnement et le questionnement a malheureusement laissé la place à une réponse clef en main inadaptée et au militantisme”.