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De la laïcité inclusive à la laïcité exclusive : analyse d’une dérive

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Xavier Patier - publié le 09/12/20
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Si la censure des chrétiens d’Orient par la radio publique France Inter a été levée, elle révèle une pente fâcheuse : naguère inclusives, les “valeurs de la laïcité” sont devenues de plus en plus “exclusives”.

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Il aura fallu un psychodrame dont tout le monde se serait bien passé pour que la radio d’État France Inter finisse par accepter de diffuser une publicité payante de l’Œuvre d’Orient, dont le message comprenait ce mot tellement sulfureux : “chrétien”. Dans un premier temps, la radio du service public avait expliqué qu’elle se faisait un devoir de censurer le terme « chrétien » figurant dans le message, car il contrevenait aux valeurs de la laïcité énoncées par sa propre charte : “Les messages publicitaires ne doivent contenir aucun élément de nature à choquer les convictions religieuses, philosophiques ou politique des auditeurs”. “Chrétien”, un mot qui choque les auditeurs ? C’est le service public qui nous le dit.

Chacun ses indignations

L’argument peut sembler étonnant, quand on sait que, y a quelques mois, la même radio n’avait pas jugé choquant de diffuser la chanson d’un certain Frédéric Froment dont le titre, “Jésus est pédé”, suggérait à peine la violence du contenu. France Inter avait alors plaidé avec force le droit à la liberté d’expression. « Nous le devons aux victimes de Charlie Hebdo », avait conclu son communiqué. Il faut croire que France Inter qui doit tant à Charlie ne doit rien aux victimes des persécutions antichrétiennes. Le fait qu’il y ait eu une hausse vertigineuse du nombre d’attaques de lieux de culte chrétiens dans le monde en 2020 ne semble pas l’émouvoir. Ni le fait que les chrétiens d’Orient sont menacés de mort, et parfois massacrés. Ni le fait que le nombre de chrétiens vivant en Irak ait été divisé par dix en vingt ans. Ni le fait que des chrétiens soient égorgés dans nos églises de France. Chacun a les indignations qu’il peut. 


LEBANON BLAST
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Mais allons plus loin. En 2015, déjà, la référence “En faveur des chrétiens d’Orient” avait été retirée des affiches du concert Les Prêtres dans les stations de métro parisiennes. Il y a un an, ce fut au tour des affiches d’Alliance Vita d’être censurées : elles osaient affirmer que “la société progressera à condition de respecter la maternité”, slogan jugé choquant par Anne Hidalgo, maire de Paris, qui fit part de son indignation. Face à l’indignation d’Anne Hidalgo, il n’y a pas de liberté d’expression qui tienne. 

La peur des mots

Il faut y prendre garde, car l’Histoire nous montre que, quand on commence à prendre peur des mots, notre liberté est en péril. Le recul de la liberté commence toujours par une défaite sémantique. Voilà pourquoi il est inquiétant de voir France Inter devenue incapable de prononcer le mot “chrétien”. 

La laïcité d’inclusion, que voulaient nos pères fondateurs, et que célèbre l’article premier de notre Constitution, “La France respecte toutes les croyances”, vire aux laïcités d’exclusion.

Nous assistons, depuis deux générations, à une étrange maladie de la langue, une maladie de l’âme en fait, nourrie de tartufferies à travers ce qu’on pourrait appeler « la dégradation en pluriel ». La valeur devient « les valeurs ». La liberté devient « les libertés ». L’honneur, pour lequel on nous avait appris qu’il était digne de donner sa vie, cède la place aux honneurs, qui justifient une médiocre foire d’empoigne. Cerise sur le gâteau, la citoyenneté devient : les citoyennetés. Derrière chaque passage au pluriel meurt un peu de notre liberté. 

La laïcité d’inclusion, que voulaient nos pères fondateurs, et que célèbre l’article premier de notre Constitution, “La France respecte toutes les croyances”, vire aux laïcités d’exclusion. Les “valeurs de la République” sont brandies comme un slogan catégoriel et punitif. On nous avait appris que la liberté est indivisible : elle part en miettes. Relisons Charles Péguy : “La France a deux vocations, dit-il, une vocation de liberté et une vocation de chrétienté”. On ne trahit jamais l’une sans atteindre l’autre.



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