Dans le contexte d’une pandémie qui nous rappelle la dimension tragique de l’existence, la naissance de Jésus répond à l’angoissante question du Salut. Le temps de l’Avent nous rappelle que c’est bien un Sauveur que nous fêterons à Noël.
Les illuminations de nos villes, la course aux cadeaux, les yeux pleins d’étoiles des enfants ne doivent pas déformer la signification de l’Avent. Dans l’optique chrétienne, les jours qui précèdent Noël ne sont pas seulement les préparatifs d’une féerie quasi-magique, mais représentent surtout comme une abréviation temporelle de l’histoire sainte d’Israël, et plus largement de l’attente d’un messie par le monde.
Un abrégé de l’Histoire sainte
Or cette histoire n’a pas été une promenade de santé. Le petit peuple de Dieu, coincé successivement entre plusieurs empires ambitieux : Égypte, Assyrie, Babylone, Perse, Empire d’Alexandre, Empire romain, n’a pas eu une vie facile. À ces différentes époques, tandis qu’Israël tentait chaque fois de desserrer l’étau de ses puissants voisins, sans toujours y parvenir (que l’on pense à la destruction du premier Temple et à la déportation à Babylone), il n’était pas question de penser à la déco intérieure et à l’achat de guirlandes !
Si Jésus est déjà venu dans la chair, c’est-à-dire dans notre condition mortelle, nous attendons toujours sa venue à la fois dans nos âmes et dans la gloire, à la fin des temps
Certes, pour nous, Européens du XXIe siècle, les temps ont profondément changé depuis l’épopée biblique. Toutefois, en nous faisant relire, durant l’Avent, l’Ancien Testament et ses promesses prophétiques, l’Église nous enseigne que l’attente du Salut n’est pas obsolète, qu’elle n’est pas une affaire réglée une fois pour toutes. Si Jésus est déjà venu dans la chair, c’est-à-dire dans notre condition mortelle, nous attendons toujours sa venue à la fois dans nos âmes et dans la gloire, à la fin des temps. Autrement dit, le Salut reste une question pendante, non pas relativement à son auteur (le Christ), mais quant à son application à ses bénéficiaires (nous-mêmes). Ce n’est pas parce que nous connaissons Jésus et que notre situation religieuse est différente que celle des temps qui précédèrent sa naissance, que la rédemption est définitivement acquise pour nous. Celui dont nous fêterons la venue parmi nous à Noël est toujours le Sauveur ! Ce titre n’est pas désuet.
La santé ou le Salut ?
Ces précisions ne sont pas superflues lorsque nous replaçons le Noël 2020 dans le contexte de la crise sanitaire. La féerie et l’émerveillement propres aux fêtes de la Nativité n’épuisent pas toute la signification du 25 décembre. La naissance de Jésus constitue surtout la réponse à l’angoissante question du Salut qui a tenaillé, et tenaille encore, de nombreuses populations. En Europe, la santé a remplacé la rédemption comme préoccupation essentielle. Ce n’est pas une raison pour que la première occulte la seconde. Pour un chrétien, la vie de l’esprit est plus importante encore que la vie biologique. Certains experts qui interviennent dans les médias pour parler de la pandémie du Covid-19, pourraient nous le faire oublier.
L’Avent 2020 sera fortement marqué par l’actualité de la crise sanitaire. Celle-ci nous rappelle que la marche du monde est souvent tragique, à l’image de l’histoire sainte qui n’est pas seulement une compilation d’épisodes merveilleux et édifiants, mais aussi la relation de faits épouvantables et peu glorieux. Et de même que la noirceur des temps, loin de tarir l’espérance du peuple de l’Alliance, a stimulé au contraire sa prière tout au long des siècles, de même la crise sanitaire que nous subissons actuellement, loin de nous gâcher Noël, doit plutôt être l’occasion d’en redécouvrir la dimension rédemptrice. Ainsi, l’Avent, loin de « disneylandiser » les esprits, redeviendra le moment favorable pour se souvenir que c’est un sauveur qui nous est né au Bethléem, et pas seulement un bambin attendrissant.
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