Fondée le 23 novembre 1633, les Filles de la Charité ont rapidement développé une vocation hospitalière au service des armées françaises en soignant les soldats blessés au combat. Saint Vincent de Paul lui-même s’extasiait de voir ces jeunes filles affronter les dangers des champs de bataille avec la sérénité et la simplicité que donne l’abandon total en Jésus-Christ. Elles en ont témoigné lors de la terrible guerre de Crimée (1854-1856).
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La guerre de Crimée marque le début d’une ère de grand rayonnement pour les établissements des Filles de la Charité. Ce conflit, qui oppose l’empire russe à une coalition composée de la France, du Royaume-Uni et de l’empire ottoman, se déroule essentiellement autour de la base navale de Sébastopol. Gagnée par la France et ses alliés, cette guerre est un effroyable carnage pour l’époque. La plupart des soldats succombent à des maladies, choléra, typhus, dysenterie. Sur les 95.000 morts français, seuls 20.000 sont tués au combat ou meurent des suites de leurs blessures.
Les Filles de la Charité s’occupent de soigner les corps, mais leur présence est aussi un réconfort spirituel immense pour les soldats hospitalisés
Appelées par la France et l’empire ottoman pour soigner les soldats, 225 Filles de la Charité françaises sont envoyées dans la région, et 25 sœurs italiennes les rejoignent. Elles ont en charge une douzaine d’hôpitaux militaires français basés à l’arrière du front, la plupart à Istanbul. L’épidémie de choléra, pendant les mois de l’été 1854, est extrêmement violente et nécessite une organisation spécifique, avec isolement des malades sous tentes. Les Filles de la Charité se dévouent sans relâche au chevet des soldats, dans des conditions matérielles plus que sommaires. Elles n’œuvrent pas seulement à l’arrière, mais travaillent également comme ambulancières, non loin des champs de bataille. De plus, elles rendent visite aux prisonniers, soit des Français détenus pour délit, soit des Russes. Une centaine d’entre elles contractent le choléra ou le typhus, et 33 y laissent la vie.
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Certes, les Filles de la Charité s’occupent de soigner les corps, mais leur présence est aussi un réconfort spirituel immense pour les soldats hospitalisés. Leur amour de Dieu et leur vie de prière les rendent infiniment patientes et douces. Leur foi vécut jusqu’à l’héroïsme est exemplaire, et elle irrigue, fortifie ou ranime celle des soldats. Combien d’âmes n’ont-elles pas sauvées in extremis. L’aide et le dévouement des Filles de la Charité lors de cette terrible campagne militaire font l’admiration de tous. Un reporter anglais vante dans le Times leur talent d’infirmière. Le médecin français Lucien Baudens, venu en Crimée pour inspecter les services médicaux de l’armée, évoque dans son rapport, avec beaucoup de chaleur et d’admiration, l’action des Filles de la Charité. Le général directeur des ambulances anglaises écrit : « Avec quatre sœurs, une ambulance française fait bien plus de bien que moi avec vingt infirmiers. »
À la fin de la guerre, le sultan, voulant reconnaître les services rendus par les sœurs, songe à leur offrir des décorations. Elles préfèrent cependant qu’il leur permette de continuer l’œuvre entreprise dans la région. Le gouvernement ottoman leur cède alors un très vaste terrain sur lequel est bâti un hôpital appelé Notre-Dame-de-la-Paix, en souvenir des circonstances de sa fondation. En Turquie et dans tous les Balkans, les œuvres des Filles de la Charité connaissent alors pendant plus d’un siècle une expansion considérable. Hôpitaux, orphelinats, écoles, maisons de retraite leur permettent de vivre pleinement leur charisme : honorer Dieu par le service des pauvres.
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