Les pauvres sont les « banquiers » capables de faire fructifier les talents, a affirmé le pape François lors de la messe célébrée à l’occasion de la Journée mondiale des pauvres le 15 novembre 2020 dans la basilique Saint-Pierre. Le Souverain pontife a appelé à les servir « en prenant des risques ».
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« Trop souvent, en regardant notre vie, nous voyons seulement ce qui nous manque », a déclaré le pape dans son homélie prononcée devant une centaine de fidèles, dont une large partie de personnes en difficultés et de volontaires auprès des sans-abri. « Alors, nous cédons à la tentation du “si seulement” : si seulement j’avais cet emploi, si seulement j’avais cette maison, si seulement j’avais de l’argent et du succès, si seulement je n’avais pas ce problème, si seulement j’avais de meilleures personnes autour de moi! ». « L’illusion du “si seulement” nous empêche de voir le bien et nous fait oublier les talents que nous avons », a-t-il considéré.
Or, ne pas utiliser ses talents est un péché par omission : le Christ invite dans l’Évangile plutôt à placer son argent « à la banque ». « Qui sont pour nous ces “banquiers”, en mesure de procurer un intérêt durable ?, a demandé le pontife, ce sont les pauvres ». Ceux-ci garantissent « un revenu éternel et nous permettent dès maintenant de nous enrichir dans l’amour ». Parce que la « plus grande pauvreté qu’il faut combattre est notre pauvreté d’amour ».
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À la fin de la vie, « la réalité sera dévoilée », a-t-il assuré : la « fiction du monde selon laquelle le succès, le pouvoir et l’argent donnent sens à l’existence, déclinera, pendant que l’amour, celui que nous avons donné, émergera comme la vraie richesse ».
« Si nous avons des dons, c’est pour être dons »
Une vie qui « poursuit les besoins, sans regarder qui a besoin », est « vide », a lancé le pape. « Si nous avons des dons, c’est pour être dons ». Dans l’Évangile, les bons serviteurs sont « ceux qui risquent ». Ils ne sont pas « circonspects et méfiants », ni ne conservent ce qu’ils ont reçu, mais l’utilisent.
Mais le service doit être accompli en prenant des risques : « il n’y a pas de fidélité sans risque », a martelé le pape. C’est triste quand un chrétien « joue sur la défensive, en s’attachant seulement à l’observance des règles et au respect des commandements ». « La fidélité à Jésus n’est pas seulement de ne pas commettre des erreurs » mais « dépenser sa vie » et « laisser bouleverser ses plans par le service ».
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Le Souverain pontife a présidé cette messe annuelle pour la cinquième fois consécutive. En 2019, il avait invité à pratiquer une « charité non hypocrite », sans rechercher de récompense ni de compliment. Les pauvres rappellent à tous que les chrétiens doivent vivre tels des « mendiants tendus vers Dieu », avait-il déclaré.