Une équipe d’archéologues de l’Inrap mène depuis plusieurs mois une campagne de fouilles à Autun dans une nécropole située à proximité de l’église paléochrétienne de Saint-Pierre-l’Estrier. Les premiers résultats laissent penser que de nombreux notables chrétiens s’y sont fait enterrer, faisant ainsi de cette nécropole l’une des plus anciennes de la Gaule.
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C’est l’une des fouilles les plus suivies par les passionnés de l’Antiquité tardive. À Autun, des archéologues de l’Inrap fouillent depuis plusieurs mois une nécropole importante de 1.300m2 où ont été découvertes 231 sépultures. Sa particularité ? Datée du IIIe/IVe siècle ap. JC, elle apparaît à l’aube de la christianisation du monde romain faisant d’elle l’une des nécropoles chrétiennes les plus anciennes de la Gaule.
Si les vestiges exhumés ne confirment pas directement l’appartenance religieuse des défunts, les archéologues sont cependant convaincus qu’elle a dû accueillir les sépultures de la première communauté chrétienne d’Autun. En témoignent les inscriptions funéraires dont la célèbre stèle de Pektorios, découverte au XIXe siècle à proximité du site. Cette inscription du IVe siècle, constitue un des plus anciens documents du christianisme de Gaule.
Des chrétiens appartenant à la haute aristocratie
S’il est impossible, à l’heure actuelle, d’identifier les corps retrouvés dans les sépultures, les archéologues confirment cependant qu’il s’agit de notables de la ville d’Autun. Les objets retrouvés dans certaines tombes démontrent qu’une grande partie des défunts faisait partie de la haute société. Un des sarcophages de grès contenait un cercueil en plomb a d’ailleurs fait l’objet d’une attention particulière. Dans un espace clos aménagé sur le chantier, les experts, équipés de masques et de combinaisons intégrales pour se prémunir des contaminations, ont procédé à l’ouverture du cercueil puis à la fouille de la sépulture. Un microscope, installé à proximité immédiate, a permis l’identification de fils d’or, vestiges ténus d’une étoffe précieuse. Ces fragments de fil d’or évoquent sans ambiguïté les riches vêtements que l’on retrouve dans l’iconographie antique, notamment dans les mosaïques de Saint-Vital de Ravenne où les personnages entourant l’impératrice Théodora portent des vêtements cousus de fils d’or.
Dans d’autres tombes, des objets extrêmement rares sont apparus. Le plus important des sarcophages contenait un ensemble d’objets exceptionnels : des épingles en ambre ou encore une bague en or sertie d’un grenat. D’autres tombes ont livré des épingles et anneaux en jais ou encore des boucles d’oreille en or. L’étude de certaines sépultures a révélé la présence d’autres étoffes tissées de fils d’or et, probablement, de la pourpre, colorant extrait d’un coquillage de Méditerranée.
Mais l’objet le plus exceptionnel est sans aucun doute le vase diatrète. Seulement une dizaine d’exemplaires existe à ce jour dans le monde. Summum de l’art verrier romain, cet objet entièrement sculpté dans le verre porte l’inscription: “Vivas feliciter” (Vis en félicité). Décoré de figures, celles-ci étaient sans doute proches du pouvoir impérial. Complet, bien que fragmenté, il fera l’objet d’une restauration minutieuse. Des objets qui attestent la présence de représentants de la haute aristocratie de la ville d’Autun dans cette nécropole.
La conviction que ces élites étaient christianisées est renforcée par les sources antiques. En effet, les élites éduennes étaient proches de l’empereur chrétien Constantin — le premier évêque d’Autun, Reticius, a d’ailleurs participé au premier Concile de 313 — et sont évoquées dans les Panégyriques latins mais aussi dans le Laudes domini, le premier poème chrétien de la Gaule romaine écrit par un notable d’Autun. Ce poème relate un miracle qui aurait eu lieu dans un cimetière. Le cimetière de Saint-Pierre-l’Estrier ? Tout porte à le croire.
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