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Rome, 218. Cela fait quelques heures que Calixte dicte à son scribe son projet de jeûne des Quatre-Temps. L’idée lui est venu au petit matin, avant même le lever du soleil. Il a tiré le pauvre Etienne de son lit pour lui faire prendre note. Mais alors que les idées deviennent plus fluides, voilà qu’on frappe avec insistance à la porte. Calixte tente d’abord de l’ignorer mais on continue de frapper et d’appeler le pontife. Grommelant dans sa barbe, ce dernier finit par laisser entrer le serviteur.
Calixte prend une profonde inspiration pour contenir son agacement. Ses aides du palais épiscopal ont la fâcheuse tendance à le solliciter pour des affaires futiles. De quoi peut-il s’agir cette fois-ci ? Il se résout à suivre le serviteur jusqu’à l'amphithéâtre. Quelques évêques ainsi qu’une dizaine de diacres sont rassemblés, et au milieu d’eux, se trouve un homme d’une trentaine d’années.
Le reste de l’assemblée n’hésite pas à exprimer son mécontentement. Faisant abstractions du brouhaha, Calixte observe l’accusé de plus près. Il n’a ni barbe, ni cheveux, porte une simple tunique et n’a pas de sandales à ses pieds. Son corps est couvert de vieilles cicatrices, y compris sur son visage.
Las des commentaires de l’assemblée, Calixte réclame le silence. Devant le regard noir du saint pontife, les bavards se taisent bien vite. Tous savent qu’il n’est pas sage d’attiser la colère du pape.
Devant cette déclaration, l’assemblée s’égosille une fois de plus. Comment un serviteur de l’empire qui les persécute depuis toujours, qui a sans doute le sang de leurs frères et sœurs sur les mains, peut-il prétendre vouloir servir le Seigneur ? Il mérite la mort pour cet affront, ainsi que tous les supplices qu’il a infligés aux chrétiens. Combien en a-t-il tué ? Combien d’églises a-t-il impunément brûlées ?
La voix de Calixte retentit et est vite suivie d’un silence de mort. Le pape s’est levé de son siège et jette à présent un regard brûlant de colère sur son entourage.
De vieux souvenirs lui viennent à l’esprit : ces années passées au bagne de Sardaigne, à payer pour avoir perdu l’argent de son maître et perturbé la cérémonie d’une synagogue... La honte de ses fautes passées le font rougir et les larmes lui montent aux yeux. D’un prière intérieure, il supplie le Seigneur de l’aider à trouver les mots justes. Il inspire profondément pour se ressaisir avant de pointer Aurélius du doigt.
Calixte descend alors de son siège et rejoint Aurélius toujours à genoux. Il le revêt de son manteau et le relève.