En Chine, le parti communiste tolère difficilement l’Église catholique dans le pays. Si l’oppression du gouvernement chinois à l’égard des catholiques n’est pas aussi visible et massive qu’à une époque, elle n’en demeure pas moins omniprésente.Quand on pense aux persécutions de chrétiens, on imagine souvent ces derniers mourir en martyrs pour avoir refusé de renoncer à leur foi. Si elles ont souvent pris cette forme là au fil des siècles, elles peuvent aussi être beaucoup plus insidieuses et se décliner par petites touches jusqu’à atteindre leur but : faire disparaître la religion catholique. Un art dans lequel est passé maître le gouvernement chinois ces dernières années. Voici une liste non exhaustive de ces vexations quotidiennes que subissent les catholiques de Chine.
1Destruction de croix au prétexte d’enfreindre les règles d’urbanisme
Dans la province de l’Anhui (est du pays), près de Shanghai, depuis la mi-avril, plus de 500 croix appartenant à des lieux de culte chrétiens, que ce soit des églises catholiques ou des temples protestants, ont été enlevées des clochers. Cette répression qui émane du parti communiste n’est pas nouvelle et des milliers de croix ont déjà été retirées dans les provinces du Zhejiang, du Henan, du Hebei et du Guizhou, parfois sous prétexte de respecter les règles d’urbanisme.
Suppression d’allocations pour avoir refusé d’ôter des images pieuses
Une veuve catholique âgée d’une soixantaine d’années aurait perdu sa pension pour avoir refusé de renier sa foi, a rapporté en juillet 2020 Bitter Winter, quotidien spécialisé sur la question de la liberté de religion et des droits de l’homme en Chine. Elle recevait l’équivalent de 35 dollars par mois environ de la part du gouvernement depuis la mort de son époux en 2018. À la fin de l’année 2019, les autorités locales l’ont menacée de lui enlever cet argent si elle ne retirait pas les images du Christ qu’elle gardait chez elle. Puisqu’elle refusait d’obtempérer, sa pension lui a effectivement été supprimée. Impuissante, la veuve confiait au quotidien que la persécution religieuse rendait la vie de foi compliquée.
Des symboles chrétiens remplacés par des portraits de Xi Jinping
Dans le cadre d’une campagne visant à “réduire la pauvreté” lancée en novembre 2017, le Parti communiste chinois (PCC), estimant que le christianisme serait responsable des problèmes financiers de certaines familles, avait décidé d’interdire les icônes, crucifix et autres représentations de scènes évangéliques dans les maisons des chrétiens de la province de Jiangxi, au sud-est du pays. En un mois, quelques 600 symboles chrétiens ont ainsi été retirés des maisons et remplacés par des portraits du président chinois, Xi Jinping.
4Une obligation de promouvoir les valeurs du socialisme
Une nouvelle série de réglementations entrée en vigueur le 1er février 2020 impose aux groupes religieux chinois de promouvoir les valeurs du socialisme auprès de leurs membres. Ce règlement dit que les activités, rassemblements et programmes des communautés religieuses doivent être approuvés par le bureau des affaires religieuses. “Outre le contrôle généralisé de toutes les activités communautaires, les nouvelles mesures exigent que le personnel religieux soutienne, promeuve et mette en œuvre une soumission totale au Parti communiste chinois parmi tous les membres de leurs communautés”, explique Asia News. L’article 17 dispose ainsi que “les organisations religieuses doivent diffuser les principes et politiques du Parti communiste chinois”, mais aussi “éduquer le personnel religieux et les citoyens religieux à soutenir la direction du parti communiste chinois” en “suivant la voie du socialisme”.
Récriture d’un passage de la Bible
En septembre 2020, un manuel scolaire destiné à l’enseignement professionnel dans le secondaire, publié par un service d’édition dépendant du gouvernement, a choisi de reprendre le passage biblique concernant la femme adultère afin d’enseigner aux élèves « l’éthique professionnelle et le respect de la loi ». On aurait pu s’en féliciter dans la mesure où Jésus, dans ce texte (Jn 8, 1-11), prend la défense de la femme adultère et empêche sa lapidation avec ces mots : “Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre”. Mais loin d’encourager une telle charité et l’amour de son prochain, le passage biblique cité dans le manuel scolaire assure que Jésus se serait mis lui-même à lapider la femme adultère en ajoutant : “Moi aussi je suis pécheur, mais si la loi ne devait être exécutée que par des hommes sans faute, la loi serait vaine”. Sans la vigilance d’un paroissien, cette falsification serait passée inaperçue.